Lumières et artistes

     Ombres et lumières dernièrement approchées en photographie nous orientent vers la perception puis le rendu par tout artiste. La coquille d’oeuf précédemment photographiée peut être évoquée au crayon ou tout autre médium. L’idée est de ne retenir que l’essentiel, le minimum nécessaire à donner l’illusion de la présence. Les contours qui cernent disparaissent dans les « passages », anneaux et foulards de l’artiste magicien.

coquille au crayon

dessin JPB

     La concentration de l’enfant appliqué à son devoir d’écriture, l’idée que l’on a de cet exercice et la présence du gosse sont traitées magistralement par Israël Sylvestre (XVIIe s.) : on ne peut rien retrancher, on ne doit rien ajouter à cette splendide gravure.

gravure d'Israêl Sylvestre

coll. part.

     Saisi par la circulation de la lumière dans les élégants volumes architecturaux de l’abbatiale de Cruas j’ai tenté de rendre par le lavis cette impression première que je venais d’enregistrer différemment par la photographie. Cette dernière capte tout, le premier élimine avant tout. Grande différence qui ramène les données saisies à presque rien mais dont la soustraction rend toujours aussi bien compte du tout.

lavis = abbaye de Cruas

     Le sculpeur, lui, choisit son matériau en fonction de ses goûts, du sujet à traiter et du rendu qu’il en attend par rapport aux effets physiques de la lumière sur sa création. Le fer ne sera pas abordé de la même manière que le marbre, la pierre que le cuivre.

héron en fer par Maurice Belvoix

héron de fer par Maurice Belvoix

buste de femme en marbre

artiste inconnu, coll. part.

dinanderie par Gladys Liez

dinanderie de Gladys Liez

chouette en calcaire du Soissonnais

chevêche par JPB, pierre calcaire du Soissonnais

     Le contraste est grand entre réflexion partielle et absorption ; l’artiste réfléchit et tire profit de l’une et de l’autre. Dans tous les cas la réduction de la quantité de données retenues est essentielle à l’expression finale. Julien Gracq avait déclaré : « le roman ne doit jamais faire voir, il est lui-même vision ». Cette pensée vaut me semble-t-il pour toute production artistique.

4 réflexions au sujet de « Lumières et artistes »

  1. Stéphane MONART

    (Un regard sur le regard : Quand l’accessoire devient essentiel)

    Au delà de son propre regard sur son propre travail, il y a le regard des autres :
    L’artiste s’inquiète de l’impression qu’il va créer et il est donc influencé par celle-ci. L ‘homme des cavernes ,solitaire , a cependant gravé seul la paroi pour s’adresser à des générations futures et inconnues. Et s’il n’a pas été spectateur des impressions, il a tout de même voulu attester qu’il avait existé et donc qu’il existait au moment de son oeuvre. Il s’est donc convaincu de sa propre existence et du sens de celle-ci. En définitive l’impression laissée aux autres apparaît accessoire dans ce cas là, voir dans la plupart des cas. C’est ce que nous montre le graveur avec la concentration de l’enfant qui écrit.
    Si cette impression aux autres est accessoire, elle n’en demeure pour autant inutile. En effet, la plupart des artistes oublient souvent l’essentiel : le regard sur l’oeuvre. Le regard des autres. Mais un regard bien différent du simple spectacle. Au delà de la maîtrise graphique il y a le sentiment, l’émotion, et certainement au delà, il y a l’au-delà. L’artiste et le spectateur se rejoignent donc bien loin de l’oeuvre produite, aussi fantastique soit elle. C’est là que demeure sa véritable raison. Il en va de même pour les blogs.

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  2. voirdit

    Je ne m’attendais pas à vagabonder en songe à la lumière de torches enrésinées après avoir rédigé ces lignes ! L’artiste travaille dans la pénombre de son inconscient, en toute conscience de ce qu’il réalise. On ne peut savoir s’il est fortement influencé par le regard du spectateur, surtout depuis qu’il a quitté la commande très directive des mécènes des siècles passés qui imposaient d’abord leurs exigences propres. Plus libre il est désormais en mesure d’exercer sur le public une pression indiscible que l’on constate depuis le courant novateur de la fin du XIX ème s. Merci Stéphane pour ton regard sur l’art.

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  3. jeandler

    Superbe héron qu’il serait dommage de mettre les pieds dans l’eau malgré son assise certaine. Un beau plumage lisse, les ailes sagement repliées dans le dos lui donnant l’air méditatif sinon contemplatif qui convient. Les rémiges tout juste ébouriffées par le vent et le bec entrouvert salivant déjà de quelque proie frétillante égarée ou naïve.

    De bien belles choses en cette note. Merci de l’invite. Il avait temps déjà que je n’étais passé…

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  4. voirdit

    Merci de ton passage Pierre et merci pour l’artiste sculpteur. Il nous est souvent difficile de rendre visite à nos amis blogueurs, tant de sites sont passionnants et artistiquement organisés, le temps à consacrer est tel que nous sélectionnons parfois drastiquement, avec regrets. JP

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