22/11/1890 – 09/11/1970 Qui ?

La seconde date, plus connue de nous, devrait vous mettre sur la voie, surtout ce jour.

Il s’agit en effet de Charles de Gaulle, né à Lille le 22 novembre 1890 comme l’annonce ce faire-part parental reproduit d’une collection particulière :

 

faire-part de naissance de Charles de Gaulle

Vous savez toute la suite et ce n’est pas ici que vous apprendrez aujourd’hui quelque chose de nouveau sur cet illustre Français.

Je l’ai vu et entendu un jour de juin 1964 à Soissons où j’étais alors un élève de dix-huit ans pensionnaire au lycée de garçons des Cordeliers. Assez âgé donc pour me souvenir de quelques impressions très ordinaires. Très chaude journée. Ayant quitté clandestinement le lycée vers midi je me suis rendu Place de l’Hôtel de Ville où le général devait prononcer un discours. Foule très dense et police de même dans les rues, exclamations favorables et spontanées, tendance bon enfant. Comme un camarade de classe m’avait remis le matin même une boîte de cartouches longues « 22 long rifle » , je l’avais en poche. Par précaution, ayant déjà eu à entrer en contact avec des représentants de l’ordre, il m’a semblé nécessaire de m’en défaire provisoirement dans un canal d’écoulement d’un dauphin d’une rue proche, ce qui fut fait et ce qui a sans doute contribué à enregistrer l’événement historique dans ma mémoire. Je suis ensuite parvenu à me faufiler jusqu’au niveau du cinquième rang de la foule environ et le Président de la République m’est apparu tout à fait conforme aux images des journaux télévisés, des hebdomadaires et des livres d’histoire : Le verbe haut, tout comme la stature, les bras mobiles et le visage animé. J’étais heureux d’être là, de partager des émotions avec une foule bruyante peuplée d’inconnus et ce fut la première fois de ma vie que j’ai approché d’aussi près un personnage d’importance. Aujourd’hui je ne saurais rien dire de plus, sinon d’ajouter : « j’étais là », autrement dit de certifier le fait volontaire d’avoir vu et entendu de près l’un de ceux qui ont fait l’histoire de ce pays.

Ce sont des mots qui font exister les deux, et l’Histoire et le Pays. Des mots du jour je n’ai aucun souvenir, sans doute furent-ils assez anoduns pour ne pas inscrire Soissons ce jour-là dans l’Histoire. Alors je me borne, ou plutôt m’ouvre l’esprit dans la citation de deux passages des « Mémoires d’espoir », ouvrage que je me suis procuré le 7 octobre 1970, ne sachant nullement que l’auteur ferait définitivement partie de l’histoire le mois suivant. Quant au livre, plus de cent mille exemplaires ont été vendus en deux jours ! Les première phrases sont toute gaulliennes évidemment : « La France vient du fond des âges. Elle vit. Les siècles l’appellent. Mais elle demeure elle-même au long du temps. »

J’en extrait une autre citation relative aux ‘allocutions à la nation‘, du chapitre ‘le chef de l’Etat‘ :

« Toujours je leur parle beaucoup moins d’eux-mêmes que de la France. Me gardant de dresser parmi eux ceux-ci contre ceux-là, de flatter l’une ou l’autre de leurs diverses fractions, de caresser tel ou tel de leurs intérêts particuliers, bref d’utiliser les vieilles recettes de la démagogie, je m’efforce au contraire de rassembler les coeurs et les esprits sur ce qui leur est commun, de faire sentir à tous qu’ils appartiennent au même ensemble, de susciter l’effort national. »

Charles de Gaulle, Mémoires d’espoir, * Le renouveau 1958-1962, Plon, 1970, p.302.

A ce moment de ma vie ce Président n’était pas pour moi « l’Homme du 18 juin », ni le Libérateur de Paris, épisodes que je n’avais pas vécus mais celui qui avait permis à la France de sortir tout récemment du bourbier algérien, quel qu’en fut le coût pour lui, militaire d’abord. Alors pour cela entre autre j’étais gaulliste.

8 réflexions au sujet de « 22/11/1890 – 09/11/1970 Qui ? »

  1. voirdit

    à Pierre,
    Et même non sans reniements. Quand on se met à la place de l’autre on comprend par exemple le désespoir des colons, de certains militaires, des harkis …Pourtant sur le long terme et vue l’évolution du monde les colonies n’étaient plus viables telles qu’elles étaient. Mais réduire le colonialisme au XIXe siècle n’est pas suffisant pour apprécier l’ampleur de ce phénomène qui remonte bien souvent au moyen-âge en ce qui concerne les Européens de l’ouest et la planète. Vaste sujet d’études.

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  2. Pascale

    Bonjour Jean-Pierre,
    Quelle chance que tu l’ai reproduit car je crois savoir d’où il vient. Ce document n’est plus en notre possession car son heureux détenteur se l’ai fait volé il y a maintenant quelques dizaines d’années…

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  3. Joel

    Je faisais mon service militaire en Allemagne (Baden Baden) lorsqu’il est mort et j’ai été stupéfié par la réaction des Allemands. Ils nous arrêtaient dans la rue pour nous dire combien ils étaient peinés de sa mort et comme il le considérait comme un grand homme.
    Je m’en souvient comme si c’était hier.
    un très grand Homme.

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  4. voirdit

    Merci pour votre témoignage Monsieur, qui confirme la grande estime dans laquelle la plupart des hommes tenaient le général De Gaulle. Que des ex ennemis lui rendent hommage marque combien cette estime était répandue. Mais il ne fait pas oublier qu’il fut également, avec K. Adenauer l’un des artisans essentiels de la réconciliation franco-allemande qui fut scellée dans le marbre à Reims en 1962 et auprès de tombes d’un cimetière militaire de 14-18 à Cerny-en-Laonnois dans l’Aisne.

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  5. Rommechon/Douay Nicole

    Moi aussi j’y étais avec ma classe : école de l’Enfant Jésus de Soissons . Nous étions face à l’estrade placée devant l’Abbaye St Léger . Je m’en souviens aussi ( quoique moins agée que vous )

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    1. voirdit Auteur de l’article

      Je sais bien que nous partageons plusieurs points communs, mais je ne connaissez pas celui-ci. En somme la fréquentation des grands hommes pour vous quand je me contentais du Figaro pétrifontain d’heureuse mémoire, et ce n’est pas Bernard qui me contredira.

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