« Ecoute-s’il-pleut » tout comme « Moque-souris » ou « Quincampoix » et « Quiquengrogne« sont des sobriquets donnés aux moulins et devenus souvent aujourd’hui des lieudits. De sens aisé à découvrir ils font référence au dérangement que provoque le meunier de l’amont sur celui de l’aval, la présence de grains et le bruit de l’eau dans la roue du moulin et à sa sortie.
Mais telle que je formule en titre l’expression ainsi créée renvoie à une oreille, celle de Judas, connue quasi seulement des mycologues.
En effet, flasque, gélatineuse et en forme d’auricule, « l’oreille de Judas » est un champignon.
Ces Phragmobasidiomycètes se développent tout spécialement sur les troncs morts de sureau et par temps de pluie constante éclatent tout à coup sur l’écorce. Ils peuvent atteindre jusqu’à une dizaine de centimètres. Ces oreilles amies, à la différence des ennemies, ne vous écoutent nullement et vous pouvez vous exprimer sans crainte auprès d’elles. Amies elles complèteront fort bien une sauce, une fois séchées, réduites en poudre et réhydratées car leur mucilage épaissit cette dernière. Elles peuvent également se manger crues en salade mais sont assez insipides.
Ne pas sécher à nouveau un champignon réhydraté qui deviendrait alors toxique. On l’appelle également ‘champignon noir‘ et c’est par l’Asie que son emploi s’est répandu ici ; en Extrême-Orient il est nommé ‘oreille de nuages‘
Méfiance toutefois dans les zones polluées car ce champignon accumule facilement des substances toxiques chimiques, dont les métaux lourds ; il serait par exemple responsable du « syndrome de Szechwan » découvert chez des personnes ayant consommé en excès de la cuisine asiatique.
Leur attribution à Judas viendrait du fait que Judas se serait pendu à un sureau, arbre préféré de l’Oreille de Judas.