Rilly-sur-Aisne, Le Chesne, Stonne et autres villages ardennais

Dernièrement des amis nous proposent une journée en Ardennes, entre val d’Aisne et crêtes voisines au nord. Y songez-vous bien avons-nous dit de suite, à cette saison, dans cette contrée ? Et bien ils avaient raison contre tous préjugés : de la lumière par un jour de bruine et une température inférieure à 5 degrés, mais quelle lumière, celle de l’art !

Pourquoi une telle appréciation, pour des écarts si peu connus ? Elle est toute dans la lumière diaphane, filtrée par les verres colorés ou agencés de verrières resplendissantes, même en l’absence de soleil. Il faut dire que l’on s’est battu dans la région autour de la mi-mai 40, ou bien que des bombes venues du ciel ont anéanti quelques églises ultérieurement. Alors on a reconstruit comme on a toujours fait ici depuis des siècles. Voyez plutôt. Dans l’église de Rilly-sur-Aisne que les maçons viennent de restaurer, que des verriers d’aujourd’hui parent de vitraux nouveaux tandis que sur les murs fraîchement chaulés se camouflent encore d’anciens regards de tir, éclate le talent de Jacques Le Chevallier (1946) sur une douzaine de somptueuses verrières. Voici six exemples qui devraient aiguiser votre envie d’aller voir un jour si ces Ardennes valent ce que j’en dit.

crucifixion RillyFrcsDomGPW RillyJdArcVaastW RillyMattLucGPW RillyNativiteW RillyAgneauMedWAutre lieu, autre surprise. Nous voici au Chesne ou à Le Chesne, c’est selon que l’on est passant ou indigène. Toujours est-il que la surprise est là encore ; nous complèterons les données ultérieurement, aujourd’hui c’est seulement la lumière de décembre que nous soulignons, sans autre discours ou commentaire. Sans doute parce qu’il faut bien compenser la brièveté mesurée du jour par un éclat désiré, comme si toute mort annonçait une renaissance. Encore six exemples issus de la dextérité et de l’art, ici mis en perspective par les artistes rémois de la lignée Simon-Marq, spécialement Brigitte Simon :

CheminTombeauW ChesneEgliseLSimon2008W ChesneHippoBrSimon58W ChesneMedaillonW ChesnePelerinW ChesneSteFoyWPour clore provisoirement cette note tout en apportant de nouvelles lumières un passage par Stonne s’impose. Dans ses dalles de verre de R. Savary et plus encore dans sa fresque de Maurice Calka (1959) l’église de ce tout petit village ne manque pas d’étonner, plus encore peut-être, que la bravoure des soldats*, la force du canon, la hardiesse du coq et au-delà l’altière motte castrale d’antan. Venez-y vite, des éléments se dégradent mais les habitants font en sorte que la porte en soit ouverte le plus souvent possible :

Stonne étonne StonneFreskGPW StonneFreskMarieGPW StonneViergeEnfantFreskGPWStonneAdorationFreskGPW

Bien de saison la crèche, d’heureuse facture, fait bonne figure

StonneCrecheWDans le lointain des clochettes tintinnabulent, alors « venez, venez et venez » !

Et pour mes fidèles lecteurs cette carte montage d’après la Nativité de Rilly :

carte de Noël d'après la verrière de la Nativité par Jacques Le Chevallier à Rilly-sur-Aisne

Pour étoffer :

Michel Coistia, Jean-Marie Lecomte, Les églises des reconstructions dans les Ardennes, Ed. Noires Terres, 2013

*Gérald Dardart, Ardennes 1940 Tenir ! par l’association : « Ardennes 1940, à ceux qui ont résisté » 2000. [à Stonne il s’agit de la 3e DI dont la 3e DCR]

8 réflexions au sujet de « Rilly-sur-Aisne, Le Chesne, Stonne et autres villages ardennais »

    1. voirdit Auteur de l’article

      Cette note de blog qui est orientée vers l’art s’appuie avant tout sur la lumière des vitraux. Une approche peut-être plus aisée que d’autres formes d’art quant au ressenti individuel toujours chargé d’une part de culture. Que 2014 nous abreuve donc de flux lumineux !

      J’aime

      Répondre
  1. Philippe de Bois-Guillaume

    Ce 27 décembre 2013
    Cher historien-poète,
    Au début de l’Histoire, « la lumière fut » nous dit la Genèse, et même « la lumière était bonne ». Et puis l’homme « à l’image  » du Créateur devint à son tour créateur d’images. Et l’on « voit » que notre époque n’en est pas avare, qu’elles soient réelles ou virtuelles.
    Merci, ami, de nous éclairer de ces images de couleurs, qui font de nos églises les plus modestes les rivales de nos cathédrales les plus majestueuses. Et comme nous partageons le même goût pour ce brillant écrivain de ta région, Michel Bernard – que tu as présenté ici le 12 octobre 2011, à propos de Paul Landowski, dans le livre « Le Corps de la France »- voici quelques lignes extraites, cette fois, de « La Tranchée de Calonne » (La Table Ronde, collection L’usage des jours, 2007, page 33) :
    « L’idée que nous nous faisons de notre pays est teintée de la lumière des vitraux. […] Plus de la moitié de la surface des vitraux existants dans le monde….se trouvent en France. […] L’histoire de France est vivante, dure et lumineuse. Elle a gardé, de sa longue fréquentation des cathédrales et des chapelles, la forme de leur fenêtre, arcs d’ogive visant les hauteurs. » Toute la page serait à citer et le lecteur que nous invitons à s’y rendre en sera, sans aucun doute, émerveillé.
    Cher historien-poète, encore merci, et à la prochaine balade en 2014.
    Philippe de Bois-Guillaume

    J’aime

    Répondre
    1. voirdit Auteur de l’article

      Merci cher Philippe de B.G. pour ces lignes toutes en couleurs si je puis dire, éclairées en arrière, en amont plutôt, par ce rappel biblique, et à la mise en perspective lumineuse dans le miroir des mots de Michel Bernard depuis « la tranchée de Calonne ». La prochaine balade sera sans doute moins haute en couleurs, manière de placer des réserves pour mieux vivifier les éclats à venir.

      J’aime

      Répondre
  2. Louise Blau

    Merci, grand merci à vous pour cette promenade ardennaise. L’occasion d’admirer les aplats de grisaille de Jacques le Chevallier, l’élégance de Brigitte Vincent, les icônes graphiques en rouge et blanc de Maurice Calka, mais aussi de voir que Robert Savary, qui a orné la gare de Rouen de peintures murales — sous lesquelles je suis bien souvent passée — a aussi fait des vitraux. Une découverte donc. Bon, pour la crèche, mon enthousiasme est modéré (;)

    J’aime

    Répondre
    1. voirdit Auteur de l’article

      @louisevs,
      Une synthèse sensible et juste qui m’apprend aussi que la gare de Rouen fait fréquenter le voyageur avec R. Savary, il est chanceux. Je suis dans l’erreur avec la crèche ou du moins dans une mauvaise distanciation entre art et artisanat, j’ai dû être égaré par la vision de tant de crèches si peu expressives ces temps-derniers que celle de Stonne, sur la voix de l’épure a tout de même attiré mon regard appelé l’instant d’avant par un chameau en marche, non visible sur la photo.

      J’aime

      Répondre

Laisser un commentaire