Dans le ‘grand nord’ du sud laonnois, au royaume des garennes, des sangliers et du blaireau qui a freiné sa glissade sur la mare gelée,
incontestablement, tout juste sorti de son abri improvisé,
le trappeur est roi. D’un pas assuré il part à la recherche d’autres traces, d’autres reliefs éoliens là-haut sur le plateau du Chemin des Dames surplombant les abris rupestres du village de Paissy. Il a en tête les hordes giboyeuses bondissantes peintes sur les parois par ses lointains ancêtres ou celle rassurante du traîneau tel que l’a vu de haut le peintre Adolf von Menzel (1815-1905) :
Aquarelle sur papier de 1846, 16,1 x 25,9 cm du ‘Staatliche Museen, National Galerie de Berlin. Dans : Christopher Finch, l’aquarelle au XIXe siècle, Ed. Abbeville, 1994, n°219, p.166
Mais déjà la nuit tombe. Viennent les rêves, les espoirs du lendemain
Presque étonnant un texte de Jean-Paul Sartre prenant pour thème d’une scène de théâtre celui de la Nativité, écrit il est vrai dans les circonstances spéciales d’une veillée de Noël dans le Stalag XII à Trêves, le 24 décembre 1940. Il s’intègre à la pièce : ‘Baronia ou le fils du tonnerre‘ :
… »Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, il a mes yeux, et cette forme de sa bouche, c’est la forme de la mienne, il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble…
…Aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule, un Dieu tout petit qu’on peut couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui rit. »
La nuit venue la neige et les falaises s’illuminent et réfléchissent le bleu irréel glacé ponctuellement réchauffé du rouge des fonds de creutes :
A quelques pas Marie allaite et Joseph s’affaire près du berceau improvisé sous le souffle et le regard bienveillant -on penserait même goguenard, de l’âne et du boeuf. Mon Dieu quelle soirée ! Etrange action, curieux spectacle dans l’abri rocheux :
Curieux comme ces scènes de neige, devenues rares, nous ramènent à ces anciens temps… à la préhistoire de nos rêves.
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Sans doute parce qu’étant dans la nature nos sens reçoivent des perceptions de tous autres qui incitent davantage à la création et à la rêverie. A nous d’utiliser cela au mieux pour nos réalisations et si possible en faveur de la nature.
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