La Fère, qui connaît cette petite bourgade du nord Laonnois, du sud Saintquentinois, façon de dire pour situer un lieu en confluence d’Oise et de Serre aujourd’hui quelque peu oublié ?
N’en a-t-il pas toujours été ainsi objectera le lecteur ignorant du passé ? Mentionnée en tant que camp du roi Eudes en 898 la ville de La Fère correspond de par son étymologie à une fortification ancienne dont le noyau est toujours visible du dessus ou sur carte. Des cours d’eau, parfois cause de soucis pour les édiles municipaux et leurs administrés, l’enserrent, la parcourent, la traversent. Ils ont contribué à sa défense naguère, spécialement au Moyen-Âge et aux XVIe-XVIIe siècles lorsqu’ils prirent une allure d’étoile avec bastion, escarpe et contre-escarpe. Encore visibles en partie comme en témoigne la vue ci-dessous extraite depuis Google Earth et qui fait en quelque sorte resurgir le passé du présent :
trois enceintes sont observables : noyau primitif probable avec château et chapelle, puis extension proche et enfin édification d’un rempart bastionné plus éloigné du centre.
Vous aurez des renseignements complémentaires ici :
Michel Boureux, l’évolution des fortifications de La Fère, Bulletin de la Fédération des sociétés historiques de l’Aisne, T. 41, 1996, p. 95-106. Accessible en ligne sur ce site (tapez fortifications dans l’espace recherche : http://www.histoireaisne.fr
La Fère a vu naître, parmi quelques célébrités, Antoine de Bourbon, le père du futur Henri IV, celui qui en fit le siège en 1596 et rattacha ainsi la ville au royaume après une longue appartenance à la famille de Coucy et apparentés, dont Marie de Luxembourg. Ici les sièges furent une constante de l’histoire, ce qui après tout est assez logique pour une place forte et constitue en quelque sorte le revers de la médaille ; les plus récents et non les moins tragiques étant ceux de 1870 et 1914. Le bourg est place d’armes : il accueille en 1720 l’une des premières écoles d’artillerie (quartier Drouot et château) et en fin de parcours, trois siècles plus tard environ, voit partir le 41e Régiment d’artillerie de marine dans la dernière décennie du XXe siècle. L’étoile militaire a fait long feu, au sens propre. Il reste des souvenirs mais aussi des soucis : que faire de tous ces vastes et beaux bâtiments ?
sur l’histoire générale de La Fère et ses seigneurs voir par ex : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_F%C3%A8re
Une vedette parisienne, étoile consultée des vicissitudes hydrologiques est venue là quasi par surprise, une filante dans un ciel assombri mais point trop encore au début des années 1970. Alors Paris se refait une beauté au Pont de l’Alma (des rides normales à plus de cent ans), le jouxtant d’une passerelle mais lui ôtant ses compagnons de naissance : un grenadier envoyé à Dijon, un chasseur parti pour Joinville et notre artilleur recueilli par La Fère. Il semble que ce soit un cadeau de reconnaissance offert par De Gaulle à Albert Catalifaud, député-maire de la ville. Auriez-vous penser venir à La Fère pour découvrir ce compagnon du fameux zouave ? Le zouave est de Diébolt et l’artilleur d’Arnaud, le premier est placé plus haut qu’auparavant mais comme le second en décembre 1993 a les pieds dans l’eau lors d’une crue sévère. Désormais notre artilleur esseulé contemple la Place de l’Europe et les quartiers du ci-devant 41 eRAM. Il a conservé comme il convient sa prestance parisienne eet militaire, sans état d’âme apparent :
Des rêves d’étoiles de Crimée et de Seine dans les yeux il détourne la tête d’une autre étoile laféroise trop peu connue à une encâblure à babord : la splendide collection de peintures du Musée Jeanne d’Aboville, à peu près autant ignorée du plus grand nombre que celle des vases grecs du Musée de Laon, elle aussi d’exception.
Songez plutôt : un don d’environ 400 oeuvres peintes, entre les XVe et XIXe siècles dont plus d’une centaine sont exposées ! Et presque toutes de grande qualité picturale, certaines de grands maîtres ou de leur école, venues des Flandres, d’Italie, d’Allemagne et naturellement de France. Un peu caverne d’Ali-Baba mais trésor inestimable. Mais là encore une comète dont les responsables ne voient pas la queue : certes l’écrin n’est pas du tout à la hauteur du contenu (on détourne la tête des écailles de peinture sur les murs…) mais imaginez donc avoir la garde de ce trésor sans les moyens véritables de payer les gardiens et sans doute aurez-vous quelque indulgence envers ceux qui ont la charge de conserver et faire valoir ce don qui ne peut quitter les lieux ni être démembré, le tout dans une modeste agglomération de 3000 habitants environ. Un peu la quadrature du cercle. C’est pourquoi il m’a paru nécessaire de rédiger cette note, nonobstant la faible lisibilité de ce blog, estimant qu’un peu est préférable à rien et que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Alors venez s’il vous plaît à La Fère, chez Jeanne d’Aboville, contempler ces scènes champêtres, religieuses et de nature-morte absolument dignes du plus grand intérêt du public. Les photographies ci-dessous effectuées à main-levée et sans éclairage d’appoint ne sont là que pour attirer votre attention et vous donner l’envie de mettre le nez sur ces toiles, au sens figuré s’entend. Comme l’artilleur, comme la Ville vous aurez nécessairement des étoiles pleins les yeux en refermant la porte de ce trésor inestimable et trop peu connu.
Musée Jeanne d’Aboville, Rue du Général De Gaulle, tel.: 03 23 56 71 91
site de M. Jean-Louis Gautreau sur les musées de France : http://notesdemusees.blogspot.fr/2009/10/la-fere.html
site de la « Communauté de communes des villes d’Oyse » : www.cc-villesdoyse.org
Athos,mon mousquetaire favori,fut fait comte de La Fère par Alexandre Dumas.
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à Laurent,
Je suis ravi de compter parmi les lecteurs un ami d’Athos par la magie de Dumas. Bonnes lectures !
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Bonjour,
je suis à la recherche d’informations sur l’Artilleur ; est-il de La Fère, connait-on son parcours ? je fais en effet la même recherche sur le grenadier qui est mon arrière grand oncle ; en fait mon objectif est que des noms soient mis sur ces statues ; par exemple la statue à Dijon est anonyme alors qu’il s’agit de Michel Lerasle, du côté de ma mère, et qu’il a poursuivi sa carrière en Afrique ; décédé en 1914 à Bourges.
Merci pour votre attention
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Votre recherche est intéressante et mérite attention. Je n’ai hélas pas la réponse mais j’ai bien noté votre demande et la mets en réserve bien qu’une tentative de vous apporter une réponse soit sans succès pour l’instant. Evidemment le sculpteur peut aussi avoir inventé son sujet mais comme vous le soulignez par votre recherche des cas nombreux d’identification de personnes se présentent aussi. Merci de votre message, jPB
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