Une fois passé l’émerveillement que déclenche le monde souterrain s’il n’est craint, une fois dissipées les idées ordinaires qui voilent l’intimité du monde de la nuit, le spectacle peut commencer. Revenons en images sur « l’émerveillement ordinaire » :
puis observons avec attention soutenue les parois rocheuses qui bordent notre marche. Ici scintille une toile d’araignée couverte de perles d’eau :
Que vient faire une araignée dans la grotte ? Il faut savoir que quelques espèces apprécient grandement le nombre considérable de moustiques qui se tiennent à quelques mètres des entrées. Elles tissent leurs toiles parallèlement à la paroi et capturent ainsi ces hôtes grégaires. Dans ma région ce sont des araignées Meta menardi (Latreille, 1804) qui occupent cette niche écologique ; on les trouve parfois également à l’entrée des caves anciennes. Graciles, aux membres allongés poilus colorés de roux, elles peuvent inquiéter le visiteur, mais ne sont pas dangereuses pour notre espèce :
celles-ci guettent
tout comme celle-là, vue de dessous car suspendue au plafond
Plus avant dans la carrière se blottissent au moins deux espèces de papillons, de nuit, évidemment ou pourquoi pas ! Ce sont généralement des Triphosa dubitata qui hibernent là, semblant apprécier leur voisine empreinte coquillère endormie là depuis tant de millénaires :
Mais ce sont également ces jolies « Découpures » colorées de brun, d’ocre orangé, ponctuées de points blancs et équipées de chaussettes comme portent des jeunes filles nippones des mangas ou de la rue :
Etrangement, bien étonnemment, elles peuvent être couvertes de perles d’eau, minuscules gouttelettes qui ne se rejoignent pas et demeurent en l’état sur l’insecte. Combien de temps ? Je l’ignore tout à fait :
Il en est de même de quelques chiroptères tels des petits murins et des pipistrelles, que je ne photographie guère pour ne pas déranger leur longue sieste hivernale.
Plus curieux encore, serait-ce ce « M » que les découpures portent au sommet des ailes antérieures qui les incite à passer à l’acte ? J’en doute, cet ‘aime‘ bien entendu, est pour les lettrés, pour les adeptes de l’anthropomorphisme réducteur et nullement pour ces hôtes de la nuit éternelle. Pourtant j’ai bien souri, tout comme vous, peut-être en voyeurs de scènes copulatives que la torche allume soudain et anime dans son halo blafard :
Vous voudrez bien excuser svp la médiocrité de la photographie, mais il me fallait me tenir accroupi dans le boyau et je n’ai pas pu fignoler les aspects techniques du cliché.
Que de beautés, même en la nuit, et notre satellite ne démentira pas, j’en suis certain ; tant de merveilles sont à découvrir pour les futurs plongeurs, en la Mer de Tranquillité et ailleurs, sans compter la face cachée d’autant plus intrigante et qu’hélas je ne peux vous montrer.
lune du 16 février 2016 de nuit, vers 19 h 30
quant à la magie du conte nocturne estival, je me permets de vous renvoyer vers cette page de ce blog :
http://voirdit.blog.lemonde.fr/2009/08/12/songe-dune-nuit-dete/
superbe !
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cet adjectif me fait chaud au coeur après les heures tièdes passées dans la cavité, tièdes mais extrêmement humides ce qui relativise l’appréciation de tiédeur pourtant manifeste lorsque la température extérieure est voisine de zéro degré. Mes hôtes semblent apprécier pourtant et les 12° et le taux d’humidité, question d’habitude sans doute.
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Ce 6/3/16
Cher poète des divinités terrestres… ou infernales,
Merci pour ce jeu inédit de toiles sur la toile !
Philippe de Bois-Guillaume
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Ces toiles, toile de fond ici aussi bien, émeuvent encore quand on écrit… dessus. Au fond elles continuent d’animer notre paysage mental après l’avoir totalement envahi tant que nos écrans ne les avaient pas supplantées par leur présence quotidienne. En tout cas ‘mes méta’ en font toujours bon usage et merci de me signaler qu’elles ne passent pas inaperçues ! Amitiés chtoniennes.
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On s’habitue, et pourtant la fascination est intacte.
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Fascination, le terme me flatte d’autant plus qu’il me semble impératif de rendre toujours accessible par l’observation ce sentiment ou cette tension interne vers la beauté de la nature. Jusqu’il y a peu on croyait cette beauté due à la variété et à la richesse prodigieuse des inventions de l’évolution, inépuisable et infinie. Force est de la considérer finie et parfois exterminée. Jamais je ne me résignerai à cet état de fait et continuerai à mettre en oeuvre tout moyen pour en faire partager les attraits. Merci de m’y encourager.
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