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Braine, 21 mai 2022

Le troisième « Festival des correspondances des arts » arrive à son terme. Air limpide, lavé de la veille. La vieille abbatiale vient de muer partiellement ; son épiderme comme ripoliné blanc grisera au fil des ans.

Sur un cadran solaire voisin les heures glissent, elles ne peuvent en rien retenir le temps. Dans le parc, amis et famille du sculpteur Michel Charpentier présentent la donation que ce dernier vient de confier à la Ville de Braine. Ses modelages de ciments m’évoquent des naïvetés fausses, me renvoient même vers les sculptures malhabiles de Dénézé-sous-Doué (Maine-et-Loire) qui, elles, vraiment naïves, semblent vouloir critiquer la dissolution des mœurs de la Cour de France au début du XVIe siècle.

Dans Saint-Yved des œuvres du même sont exposées, ainsi que des travaux des peintres, dessinateurs ou plasticiens sélectionnés cette année (Monique Rozanès, Hubert Dufour, Leopoldo Torres Agüero) : couleurs et chatoiements font miroir avec les vitraux de l’abbatiale.

Les créations de résine et d’altuglas de Monique Rozanès ont spécialement retenu mon attention par leurs strates, leurs superpositions, leurs inclusions qui tantôt densifient l’espace, tantôt l’allègent par leur structure mobilière ou vitrière quand les ors ou les émaux brillent ou matent les volumes.

Dans l’instant Robin Renucci, récitant, et Nicolas Stavy, pianiste, répètent. L’un ses notes, l’autre les siennes aussi.

Tout à l’heure, quand la nuit peu à peu nimbera le chœur et éteindra ses vitraux, la voix assurée de celui-ci et les merveilleux sons de celui-là, -ciselés, précis, nuancés, entraîneront l’auditoire étonné et conquis dans une nuit magique que l’on voudrait sans fin. Là est bien « l’héroïsme dans l’art » présenté lundi, en ouverture, par la conférencière docteure en sciences de l’art et critique d’art Marie-Laure Desjardins. Entre temps le Quatuor Akilone, déjà comme naturalisé Brainois et les pianistes Eric Artz et Franck Ciup ont fait sonner les voûtes antiques. On n’attend plus demain que l’ensemble Aedes dans un parcours choral animé pour clore ce Festival très apprécié.

Un seul regret pour ma part, forcément subjectif et d’historien : Braine devrait apparaître plus dans ce Festival par une présence historique, littéraire ou artistique nettement affirmée. Mais ne boudons pas notre plaisir, réjouissons-nous, car il est en soi déjà merveilleux que ce Festival puisse avoir lieu en ce modeste ancien chef-lieu de canton et de doyenné. Merci aux mécènes, à la Région des Hauts-de-France, au département de l’Aisne, à la Ville de Braine, ses services techniques et son association des Amis de Saint-Yved qui rendent possible cette réalisation accessible à toutes et tous.

Journées européennes du Patrimoine

Lors des Journées européennes du Patrimoine l’association vaillysienne APEV et des membres d’associations amies (archers, anciens combattants, pompiers, comédiens…) se propose de mettre en lumière certains points de son terroir par des animations locales présentées lors d’une marche d’environ 2h 30 autour du bourg. Le rendez-vous de départ est fixé entre les deux ponts, entre canal et Aisne et le retour s’établira à la Salle Culturelle.

flyer Patrimoine 2016

Toute première fois.

Anthropisation et éthologie font mauvais ménage, en toute connaissance et avec risque, je vous livre cette journée contée par un oisillon gobemouche gris qui se présente ci-dessous :

Bein mon canardJe suis né vers le 26 juillet et ce 10 août mes parents se demandent encore si je marcherais un jour, tous les parents sont ainsi ! Bien fier sur mon nid moussu et douillet construit dans une niche de la corniche calcaire je piaille et criaille tout à loisir :

ChezMoiWSans savoir pourquoi ni comment je me suis lancé, splash, un à-plat sur la pierre du dessous, puis, ouf, le tapis d’herbe tondue. Ebouriffé j’ai crié, sifflé, de toutes mes forces, agité mes ailes inexpertes. Mes parents attentifs sont alors venus, voletant de perchoir en piquet, chuintant et claquant du bec, et leurs sons familiers m’ont rassuré.

EssaiVoilureW LibelluleW PercheeW LaHautWAlors je me suis enhardi, j’ai parcouru le monde et ses montagnes, piétiné une vaste zone désertique et grise. Soit j’ouvrais le bec comme chez un dentiste, au plus vaste du gosier, soit j’agitais ces accessoires d’albatros dont je ne savais que faire, si ce ne fut, un instant, de me sentir autrement, ne sentant plus mes pattes.

AlaMontagneW AlbatrosW EnfournementWTous ces exercices d’exception dignes des J.O me donnent faim. Je tente une commande à la carte : guêpe, taon, libellule, papillote de papillon et mouchette…Mille excuses à Myrtil, Vulcain, Demoiselle ! Chacun lutte.

PapillonPapillesW DuCostaudW DeuxMyrtilsW ChapeauVulcainW AutantPourLeTaonWEpuisé aussi, parfois je m’endors dans le vent d’août, rêve d’hier encore dans le nid douillet. J’entends les tsit, tsuit, tec-tec d’appel, les schreu, tchrecht, vrouit de danger et sors du sommeil.

GrosDodoW RepuWPuis, soudain, ce qui devait arriver est advenu, tout étonné, soulevé d’enthousiasme, je prends mon vol ! « Je n’m’enfouis pas je vole. Comprenez bien je vole… » (Sardou, Je vole, 1983, Louane, Famille Bélier, 2015). Certes, comme il en fut du premier vol humain le record d’altitude ne fut pas battu cette seconde là !

premier vol d'un oisillon gobemouche gris, enregistré officiellement à Paissy le 11 août 2016 à 17 h 30.

premier vol d’un oisillon gobemouche gris, enregistré officiellement à Paissy le 11 août 2016 à 17 h 30.

Je n’oublierai jamais ma merveilleuse enfance près des creutes de Paissy (02160). Bientôt je vais rejoindre l’Afrique de l’Ouest, vers fin août, début septembre. Promis je reviendrai l’an prochain.

Récit de jeunesse par Muscicapa striata rédigé le lendemain des événements relatés, après conversation de l’auteur de ce blog avec le témoin direct.

Dans la caverne le monde chtonien frémit…

Une fois passé l’émerveillement que déclenche le monde souterrain s’il n’est craint, une fois dissipées les idées ordinaires qui voilent l’intimité du monde de la nuit, le spectacle peut commencer. Revenons en images sur « l’émerveillement ordinaire » :

DiaperiesW GouttesW StalacW monde souterrain puis observons avec attention soutenue les parois rocheuses qui bordent notre marche. Ici scintille une toile d’araignée couverte de perles d’eau :

MetaToileW PerlesToileWQue vient faire une araignée dans la grotte ? Il faut savoir que quelques espèces apprécient grandement le nombre considérable de moustiques qui se tiennent à quelques mètres des entrées. Elles tissent leurs toiles parallèlement à la paroi et capturent ainsi ces hôtes grégaires. Dans ma région ce sont des araignées Meta menardi (Latreille, 1804) qui occupent cette niche écologique ; on les trouve parfois également à l’entrée des caves anciennes. Graciles, aux membres allongés poilus colorés de roux, elles peuvent inquiéter le visiteur, mais ne sont pas dangereuses pour notre espèce :

MeaTisseWcelle-ci tisse

MeaProieWcelle-ci mange

MeaRocheW

celles-ci guettent

MetaDessousW MetaTGPWtout comme celle-là, vue de dessous car suspendue au plafond

Plus avant dans la carrière se blottissent au moins deux espèces de papillons, de nuit, évidemment ou pourquoi pas ! Ce sont généralement des Triphosa dubitata qui hibernent là, semblant apprécier leur voisine empreinte coquillère endormie là depuis tant de millénaires  :

Triphosa dubitata

Triphosa dubitata

EmpreinteCoquilleWMais ce sont également ces jolies « Découpures » colorées de brun, d’ocre orangé, ponctuées de points blancs et équipées de chaussettes comme portent des jeunes filles nippones des mangas ou de la rue :

Scoliopteryx libatrix, "la Découpure"

Scoliopteryx libatrix, « la Découpure »

Etrangement, bien étonnemment, elles peuvent être couvertes de perles d’eau, minuscules gouttelettes qui ne se rejoignent pas et demeurent en l’état sur l’insecte. Combien de temps ? Je l’ignore tout à fait :

Découpure couverte d'eauIl en est de même de quelques chiroptères tels des petits murins et des pipistrelles, que je ne photographie guère pour ne pas déranger leur longue sieste hivernale.

Plus curieux encore, serait-ce ce « M » que les découpures portent au sommet des ailes antérieures qui les incite à passer à l’acte ? J’en doute, cet ‘aime‘ bien entendu, est pour les lettrés, pour les adeptes de l’anthropomorphisme réducteur et nullement pour ces hôtes de la nuit éternelle. Pourtant j’ai bien souri, tout comme vous, peut-être en voyeurs de scènes copulatives que la torche allume soudain et anime dans son halo blafard :

accouplement de "découpures"

accouplement de « découpures »

Vous voudrez bien excuser svp la médiocrité de la photographie, mais il me fallait me tenir accroupi dans le boyau et je n’ai pas pu fignoler les aspects techniques du cliché.

Que de beautés, même en la nuit, et notre satellite ne démentira pas, j’en suis certain ; tant de merveilles sont à découvrir pour les futurs plongeurs, en la Mer de Tranquillité et ailleurs, sans compter la face cachée d’autant plus intrigante et qu’hélas je ne peux vous montrer.

lune du 16 février 2016 vers 17 h 30

lune du 16 février 2016 vers 17 h 30

LuneNuit16Fevrier19H30Wlune du 16 février 2016 de nuit, vers 19 h 30

quant à la magie du conte nocturne estival, je me permets de vous renvoyer vers cette page de ce blog :

http://voirdit.blog.lemonde.fr/2009/08/12/songe-dune-nuit-dete/

Giboulées en février

ça se couvre !« Le temps se couvre, ça se gâte ! Entend-on sur le zinc, en même temps que : « y a plus de saison ou le temps est détraqué ! » Fichtre alors. Serait-ce un effet du réchauffement climatique qui déclenche un mois à l’avance ces célèbres perturbations cycliques nommées ‘giboulées de mars‘ et que nos voisins anglais si originaux de caractère disent d’avril ?

Toujours est-il qu’hier 12 février et déjà lundi et mardi dernier des nuages chargés de lourdes gouttes puis de grésil lachêrent sur nos contrées de copieuses draches ; cette fois c’est le Belge qui s’exprime dans ce terme évocateur, allusion certaine à ces autres tournures signifiantes de « vache qui pisse » ou de « bâche qui perce« . Le mot ‘giboulée’ serait quant à lui la déformation de l’occitan « giaconda« .

De l’horizon sud, entre Mont de Fléau et Plateau de Madagascar qui bordent les rives de l’Aisne au niveau de la bourgade Bourg-et-Comin cavalcadent vents et nuées qui voilent d’or un pâle soleil d’hiver.

averse

entre or et nacre on ne sait trop qu’admirer en premier

Puis s’exprime le déluge, la vitre extérieure du double vitrage en est toute troublée tandis que le cliquetis léger propre au grésil grésille. Derrière le rideau de pluie le paysage a disparu de ma vue.

la drache

Cependant le filtre polarisant, ajouté au violent contre-jour, produisit un bokeh inattendu bien que prévisible : la faible lumière d’hiver impliquait une grande ouverture et donc une courte profondeur de champ favorable à ces effets parfois agréables. Au reste, une fois le soleil en faction cet effet se teinta, en rappel à la situation antérieure, de merveilleuses franges dorées.

L’atmosphère lumineuse me renvoyait alors de mémoire au Victoria and Albert Museum vers les toiles ‘atmosphériques’ de Frederik Walter, imprécises dans mes souvenirs, tandis que la forme des gouttes déformées en pastilles et leur positionnement sur la toile

gouttes d'or me rappela immédiatement une oeuvre de Redon que je savais où trouver. Cela se fît en effet lorsqu’ayant tiré d’un rayon l’ouvrage : « Redon » par Anne Marie Mascheroni, Edda Fonda et Florence Cadout, CELIV, 1989, n°44, je découvris de nouveau avec plaisir la toile intitulée « l’Arbre rouge » sur laquelle la floraison disperse sur les branches des gouttes florales argentées si proches de celles dorées de la vitre :

Odilon Redon, l'Arbre Rouge

Odilon Redon, l’Arbre Rouge, collection particulière.

Tout cela parce que mémoire et instant se confondent à la faveur de variations ‘climatériques’ infinies et que les sentiments qui affluent en surface de pensées s’alimentent dans les mélanges de tonalités que culture et événements tricotent sur une trame légère et aussi mouvementée que nos giboulées de mars qui pointent le museau en février.

Premier septembre 1715, « le roi est mort, vive le roi ! »

Un bien long règne et la jeunesse du roi artiste enfouie sous le poids de la fonction, des convenances et des pressions diverses. Trois cents ans, un espace de temps à la fois loin et proche selon le regard et les connaissances que l’on a. Vous avez lu sur ce blog ici et là, au gré de ma fantaisie, quelques notes relatives au bourg de Vailly-sur-Aisne. Y aurait-il aujourd’hui un rapport entre cette modeste agglomération et ce roi si connu de par le monde ? C’est la question que je me pose, sans pouvoir, une fois de plus, trouver une réponse immédiate. Un rapport oui, voyez donc :

Notre église Notre-Dame de Vailly abrite en son sanctuaire de remarquables boiseries XVIIIe siècle que l’on dit sans preuves provenir de l’abbaye de Vauclair. Pourquoi pas puisque des habitants du lieu ont acheté des objets ou biens nationaux mis en vente par les liquidateurs d’un temps. Ces boiseries ont été pillées par les Allemands durant le premier conflit mondial puis en partie restituées par la commission de Wiesbaden. Fort bien.

De fort belle facture, celle d’un professionnel à n’en pas douter, voyez en particulier les chérubins, elles attirent le regard et incitent à comprendre. Elles illustrent la fonction du sanctuaire qui est avant tout liturgique et qui ici met en avant l’eucharistie, l’ancienne et la nouvelle alliance ; elles s’organisent notamment autour de la célébration liturgique de la veillée pascale. A cela rien d’étonnant si ce n’est la qualité de ces sculptures sur chêne.CherubinsPuttiJPBW

DessinBibleCiboireManipuleColoriseWDessinArcheGlaiveEncensoirColoriseWDessinTablesTiareCroixEtoleColoriseWLes dessins favorisent la lecture des motifs et thèmes visibles sur les photographies ci-dessous :

VaseEtolleOffrandesW TablesLoiSacerdoceCroixWEncensoirArcheTrompettesWD’accord, un excellent travail de sculpteur qui connaît son affaire. Mais Louis XIV dans tout cela ?….

La prochaine fois que vous visiterez la chapelle royale de Versailles créée vers les années 1700 et terminée en 1710 regardez donc de près les sculptures sur bois, sur pierre et les bronzes ciselés et vous constaterez que le dessin de certains des trophées d’église qui ornent ce superbe édifice établi pour la gloire du roi et celle de l’Eglise sont très proches de celui présent à Vailly. Bien entendu si inspiration il y a, que nos boiseries proviennent ou non de Versailles, il faut bien considérer que ces motifs ont sans doute été copiés sur ceux de Versailles. Les artistes qui ont travaillé à Versailles n’ont peut-être pas oeuvré ailleurs mais les dessins de leurs sculptures ont été copiés. Ce n’est pas très original mais il serait très précieux d’en connaître davantage sur nos magnifiques boiseries vaillysiennes.

Pour des raisons de droits d’images je place ici un extrait iconographique capturé sur le travail de M. Sébastien Bontemps, chargé de cours à Paris I qui a étudié les sculptures de la chapelle royale de Versailles. Je mettrai ici plus tard de meilleurs documents si je peux en trouver qui soient libres de droits. Ci-dessous un lien vers l’article de M. Bontemps.

http://www.academia.edu/4348843/Lornement_sculpt%C3%A9_autour_de_1700_le_troph%C3%A9e_d%C3%A9glise_et_la_chapelle_royale_de_Versailles

L’ornement sculpté autour de 1700 : le trophée d’église et la chapelle royale de Versailles

VersaillesChapRoyaleTropheesArticleDenisBontempsWVous constatez sans peine qu’une analogie est présente dans le dessin entre Versailles et Vailly, ce qui surprend tout de même un peu, même si on lit entre Vauclair et Versailles !

Qu’on se le dise et que chacun apporte sa pierre à cet édifice de recherches, toujours en mouvement, jamais terminé.

Le « Jardin des Poilus »

Ce jardin, au fond comme tout jardin composé, n’existe que par la volonté de ses créateurs, il a du jardin la nécessaire artificialité. A sa manière il raconte un pan d’Histoire et n’appartient à la catégorie des jardins botaniques qu’à la marge. Sa petite surface vous permettra d’en faire rapidement le tour, si vous vous y perdez ce ne sera que par votre imagination.

Dans Paissy suivez la falaise, comme si vous étiez au bord de la mer. Vous êtes arrivés. Notre jardin s’ordonne dans l’opposition visuelle entre le vertical rocheux et l’horizontalité végétale, d’où de nombreuses lignes de niveau en correspondance avec les strates géologiques.
Ce n’est pas sa seule raison de paraître. En effet de sanglants combats affectèrent ce lieu dans les sombres années 1914-1918. Au printemps 1917, le seize avril, fut déclenchée ici la bataille du Chemin des Dames.
Alors pour promouvoir la paix quoi de mieux qu’un Eden parsemé d’arbustes et de fleurs ! Cent ans plus tard vous déambulez en compagnie d’espèces végétales souvent communes sur une faible surface d’un demi hectare, accompagnés de citations d’époque en provenance d’écrits de « Poilus ».
Notre choix : mettre en scène dans ce jardin l’histoire locale marquée par la vie des troglodytes qui ont perforé la falaise pour en extraire la pierre des cathédrales et le drame national et mondial que fut la Grande Guerre. Ici interfèrent la topographie du lieu et le souvenir des Poilus vivifié par des textes qu’ils ont écrits et dans lesquels le monde végétal qu’ils évoquent fut comme un havre de paix, un paradis perdu.
Ouvert les samedi 6 et dimanche 7 juin, de 10 à 12 et de 14 à 18 heures
Chez M. et Mme Boureux Jean-Pierre, 34 rue de Neuville, 02160 Paissy.
Contact :  jpbrx[arobase]club-internet.fr
Coordonnées GPS : 49° 25’ 37,67 N et 3° 41’ 58,30 E
Parking à proximité pour trois voitures, les autres le long de la rue.
Quelques détails supplémentaires ici : http://www.jardindespoilus.wordpress.com
Le « Jardin des Poilus » sur le site national du « Rendez-vous au jardin » :
http://rendezvousauxjardins.culturecommunication.gouv.fr/Histoire-s-de-jardins/Paix-retrouvee

Logo officiel "Jardin des Poilus" Paissy

 

 

 

 

 

un aspect du jardin en mai une arche découpée par la guerre dans le sous-boisci-dessous article du journal « l’Union« , édition de Soissons, datée du 30 mai 2015, p. 12 :

 article L'Union30mai2015W

image Google Earth

image Google Earth

exemple d'un des textes affiché dans le jardin

exemple d’un des textes affiché dans le jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vendeuil-Caply : des dessins au Musée Archéologique de l’Oise.

Jusqu’en mars 2013 le Musée Archéologique de l’Oise présente une exposition sur un thème peu souvent abordé dans les musées archéologiques, celui du dessin en archéologie, du chantier à la publication.

Le nouveau musée de Vendeuil-Caply est situé sur le territoire de Vendeuil (canton de Breteuil et Communauté de Communes de Breche-Noye et il est notamment lié aux fouilles archéologiques de ce lieu qui ont mis en évidence un vaste habitat gallo-romain dont le théâtre est encore bien inscrit dans le paysage à quelques pas de cet établissement.

théâtre de Vendeuil-Caply

disposition actuelle du théâtre de Vendeuil-Caply après les fouilles et la restauration du siècle dernier

relevé des structures archéologiques de Vendeuil-Caplyplan des structures archéologiques relevées à Vendeuil-Caply

Tous détails sur la gestion et l’organisation du musée dont la direction est assurée par Madame Esclarmonde Monteil vous sont donnés sur ce site : http://www.m-a-o.org ; vous pouvez également téléphoner au 03 64 58 80 00

Tel un navire échoué en plaine picarde le musée navigue le plus souvent entre périodes celte et mérovingienne, principaux ports enfouis qu’il a fréquentés. Une bibliothèque, une salle pédagogique, des salles techniques et un espace d’exposition complété d’un coin vidéo sont les ponts que vous pourrez utiliser en fonction de vos besoins.

L’archéologue donc, dessine. Parfois pour le plaisir mais le plus souvent pour enregistrer les traces de ce qu’il découvre, les analyser et les mettre en valeur. En somme pour accentuer un point de vue, ce que ne fait ni la photographie, ni l’ordinateur ou les deux associés. Ce qu’il découvre ce sont des structures et des niveaux, en plans et en coupes, ainsi que du ‘matériel’ de toute nature, fabriqué par l’homme pour lui être utile ou pour satisfaire sont goût du beau et de l’esthétisme. En dessinant l’archéologue comprend mieux, en dessinant le fouilleur explique ou éclaircit ce qu’il a compris de la fonction d’un lieu ou d’un objet. Le fait n’est pas nouveau et d’entrée le visiteur admire ce que nos ancêtres nous ont transmis par le moyen de splendides peintures, lithographies, dessins… ainsi par exemple ces planches admirables des ‘albums Caranda’ , connus des spécialistes et nommés à partir d’un lieu-dit du Tardenois, après les fouilles de Frédéric Moreau :

Des fragments d’enduits colorés seront éventuellement restitués par le dessin, ce que ne permet pas l’examen visuel direct de la fresque; ainsi ce Pégase analysé par C. Allagh et Ph. Sestret

fibules mérovingiennes

photographie et dessin de fibules mérovingiennes de petite taille trouvées à La-Croix-Saint-Ouen, OIse.

Mais venez bien plutôt vous rendre compte par vous-même des prouesses artistiques, des compte-rendus techniques, des publications et des animations que proposent les archéologues en la matière. Cette exposition présentée dans la contrainte matérielle du lieu ne saurait évidemment épuiser le sujet mais sa mise en scène permet à tous de comprendre le pourquoi et le comment de l’activité cérébrale et manuelle de l’archéologue lorsqu’il dessine.

Les meubles de présentation appropriés aux besoins du jeune public autorisent largement l’exploitation pédagogique de cette exposition dans le cadre d’activités réfléchies en commun entre les enseignants et le service d’animation du musée :

le frottis exécuté à partir d'un relief est généralement apprécié des enfants. Ici ce relief permet également aux mal-voyants de se rendre compte par le toucher de certains éléments de l'exposition.

Collier digne d’un Vendredi-Saint

Un jour un ami m’a demandé une expertise au sujet d’un très étonnant objet dont je vous expose ce jour le descriptif ainsi que les fortes interrogations qu’il suscite. Vous allez être étonné comme je le fus et le suis encore.

Collier et pendentif.     Collier et pendentif en cuivre, acier, émail, or  et papier. Longueur, objet posé : 28 x 3,8 cm. Ce collier est composé de 22 plaques de cuivre (5 x 23 x 1,25 mm) et d’une vingt-troisième (11 x 18 mm) placée au sommet. Les douze premières à partir du pendentif sont reliées entre elles par des attaches d’acier nickelé, les autres par des attaches de cuivre ou, pour cinq d’entre elles, du fil de cuivre (réparation peut-être ? ).

Ces douze premières portent en gravure le nom de saints, les suivantes sont barrées de cinq traits ou bandes espacés régulièrement de 3 mm sur toute leur largeur.

Les noms des saints sont inscrits longitudinalement en deux lignes, saint et dessous le nom du saint. Ce sont, en vis à vis : saints Jean et Pierre, Jacques et André, Jacques le Mineur (par exception sur 3 lignes) et Matthieu, Thomas et Barthélemy, Jude et Philippe, Mathias et Simon. Il s’agit en fait de la liste des douze apôtres, du moins celle qui figure dans le Canon romain avant la consécration, modifiée toutefois ici par l’absence de Paul (qui n’est d’ailleurs pas un apôtre), compensée par celle de Mathias, qui apparaît dans le même Canon après la consécration, en présence de Barnabé. Cette liste est connue sous l’appellation de groupe spécifique des Douze qui symbolise la réunification eschatologique des douze tribus d’Israël.

            Un pendentif de 36 x 35 x 6,30 mm est accroché à ces plaquettes. Il peut être dissocié en deux parties : un support d’acier avec ses oreilles de suspension dans lequel s’engage un boîtier de cuivre et d’acier qui coulisse dans deux rainures.

Le boîtier présente en face avant un couvercle dont la plaque d’acier ovoïde porte l’inscription suivante gravée en deux parties : « O Marie conçue sans péché » et dans le sens opposé de lecture : « Priez pour nous qui avons recours à vou(s) » ; le graveur n’a pas eu la place de mettre le S. Toutes les lettres, en capitales, sans espacement entre les mots sont ciselées d’un seul geste rapide, celui de l’artisan expérimenté :

fond du pendentif gravé d'une prière

fond du pendentif proprement dit sur lequel est gravé une prière inscrite dans un cercle puis dans un ovale : « O Marie conçue sans péché priez pour nous qui avons recours à vou(s) »

Il s’agit des paroles inscrites en lettres d’or vues par Catherine Labouré le 27 novembre 1830 comme s’il s’agissait d’un tableau entourant la Vierge et dont l’ordonnancement en oves lui a été dicté. L’artisan a voulu le représenter ici mais n’a pas souhaité empiéter sur la phrase de « l’Immaculée conception » pour corriger son erreur de positionnement des lettres de la prière inférieure.

Ce couvercle enlevé on découvre successivement trois morceaux de papier découpés à la taille du fond de la boîte  et une feuille de métal jaune brillant qui exerce une force de ressort ; elle épouse la forme générale du dessin qu’elle recouvre, ce dessin étant lui-même la reprise agrandie d’un motif -une coulée de sang- figurant sur la feuille du dessous comme nous décrivons ci-après.

les trois dessins renfermés dans le pendentif amovible

les trois dessins au trait (ou imprimés) contenus dans le médaillon pendentif

Le premier des trois dessins est une ‘Sainte-Face’, en fait exactement celle du « linceul de Turin », sur laquelle est peinte en rouge une coulée de sang.

Le deuxième est une ornementation de forme singulière, que l’on penserait abstraite au premier regard, mais qui n’est autre que la représentation agrandie sur fond strié de la coulée de sang de la Sainte Face décrite ci-dessus. Son tracé correspond à celui d’une découpe d’une plaquette d’or épaisse de 0,535 mm taillée pour se superposer à ce dessin et qui pourrait provenir d’un couvercle de boîtier de montre à gousset pour homme du milieu du XIXe siècle car l’épaisseur en est tout à fait comparable sinon identique.

BoitierAvecGoutteOrW

lame d'or découpée de même forme que la goutte de sang de la gravure imprimée sur papier et cette même lame positionnée dans le couvercle du pendentif, face interne.

lame d’or découpée, de même forme que la goutte de sang de la gravure imprimée sur papier, et dessus, cette même lame positionnée dans le couvercle du pendentif, face interne. Elle fait légèrement ressort, le poinçon est au verso.

L’artisan a pris soin de préserver un fragment de poinçon de marque estampillé ‘PG’ dans une extrémité de losange ainsi que le poinçon de garantie d’or, une tête d’aigle, quasiment centré sur la découpe, poinçon officiel de l’or dans la bijouterie contemporaine française mais également le rapace désignant saint Jean parmi les quatre évangélistes. De plus le fond noir hachuré autour de la coulée sanguine évoque un peu la chaîne et la trame d’un tissage de vêtement. Faut-il aller jusqu’à y découvrir les phrases des évangiles relatives au partage des vêtements du Christ et aux linges de lin ou au linceul de tête telles qu’on les lit dans Matthieu 27 : 35 ou dans Jean 20 : 5 ?

Poinçon or

Enfin le troisième représente un bois ou clairière avec des petits arbres et un grand, auprès duquel sont dessinés des rochers à gauche et à droite, l’un pouvant faire office de table. Sur le tronc de l’arbre sont figurés un crucifix et une niche pouvant recevoir une statue de saint. Un cartel devait indiquer le nom de ce saint, tellement infime dans sa représentation qu’il ne saurait être lisible. Tous les traits sont dessinés avec une encre noire épaisse, aux reflets brillants, d’aspect très semblable à de l’encre d’imprimerie et qui est peut-être de la nielle destinée à remplir les gravures sur métal.

Revenons au boîtier du pendentif. Le fond est orné d’émaux noirs très sombres (à reflets bleutés) et rouges, le motif du M marial surmonté de la croix se détachant sur un émail blanc. Le rouge constitue une grande croix dont le centre occupé par une petite croix est le « M » de Marie formant une sorte de table. Les couleurs des émaux renvoient sans aucun doute aux trois couleurs qui ont revêtu le cœur de saint Vincent de Paul durant l’une des ‘visions de Sainte-Catherine’ avant l’apparition de la Vierge, ou bien, si l’on considère que le noir est du bleu sombre, les trois couleurs françaises déjà bien présentes dès le début du XIVe siècle dans les enluminures par exemple. Le pied de la grande croix est orné d’une épée. De chaque côté de la croix sont la lance et peut-être le sceptre des ‘Arma Christi’.

les émaux du couvercle intérieur

les émaux du couvercle intérieur

Au-dessus de cette boîte est soudé un cartel gravé sur trois lignes. Cet écrit est gravé à l’envers sur le pendentif, on peut donc le lire à l’endroit avec un miroir posé perpendiculairement à ce dernier.

titulus de la croix de la crucifixion du Christ

les trois langues du titulus, grec et hébreu ici un peu approximatifs

Les inscriptions sont : JESUS NAZARENUS REX IVDEORVM, au-dessus sa transcription en grec et au-dessus encore sa transcription en une imitation d’hébreu. Il s’agit dès lors d’une figuration dans le désordre du célèbre texte (titulus) apposé sur la croix et dont Jean 19, 20 précise qu’il était rédigé en hébreu, latin et grec. On sait toujours par Jean (19 : 21-22) que ce texte fut critiqué mais que Pilate ne revînt pas sur ce qu’il avait décidé d’écrire ; la référence à Saint Jean est constante sur cet objet, s’agirait-il, outre la référence néotestamentaire, du prénom du commanditaire ?

La symbolique de l’ensemble s’inspire fortement de la représentation de l’apparition de Marie, rue du Bac en 1830, telle qu’on peut la voir encore de nos jours. En effet le M surmonté de la croix, la prière gravée du boîtier sont comme l’avers et le revers du tableau de la vision telle qu’elle est décrite par Catherine Labouré et les douze apôtres des plaquettes créent comme une symétrie aux douze étoiles de la vision, tout comme du reste l’inscription du cartel à lire ‘en inversant’ ou retournant l’image. Les six annelets qui relient les plaquettes gravées au nom d’un saint sont en nickel-chrome, les autres en cuivre, ce n’est pas non plus un hasard. On doit probablement considérer ce collier comme une assurance de protection divine pour celui qui le porte et même davantage pour un croyant. Ouvert par son porteur et expliqué ce pendentif constitue une véritable catéchèse, qu’un Lazariste, par exemple, aurait pu avoir fait réaliser. Très usé il fut longuement porté. L’image de la Sainte-Face avec sa coulée de sang expliciterait la couronne d’épines, absente en elle-même, alors que le glaive de la vision est présent. Le deuxième coeur de la ‘médaille miraculeuse’ figure un coeur transpercé d’un glaive même si les cœurs manquent par rapport à la figuration de la rue du Bac. En revanche l’inscription développée du titulus « INRI » vient en plus, elle complète bien la Sainte Face et le sang. Ce n’est donc pas intégralement la médaille de la rue du Bac, souvent présente chez les combattants, qui est reproduite ici stricto sensu, mais son contenu spirituel interprété autrement. Nous sommes en présence d’une véritable œuvre de l’esprit et de la main.

La couleur du métal est ici exagérée, c’est un réglage numérique qui fait ressortir le dessin

On constate que le fond arrière de ce boîtier a été décoré de figures gravées peu profondément qui sont devenues illisibles par frottement. Exécutées sans soin elles ne peuvent être de la même main que le reste du collier. Des traces de peinture rouge figurent en deux points et dans le fond de quelques traits gravés. Un autre possesseur ? A n’en pas douter ce boîtier a été montré et ouvert de très nombreuses fois. L’artiste qui l’a fabriqué est un véritable orfèvre tant la réalisation est précise et habile, de plus la pose de l’émail a sous doute nécessité un four à température contrôlée. Est-on encore dans l’artisanat de tranchée –les métaux utilisés sont de nature ‘trench art’- ou déjà dans un travail de commande réalisé peut-être à l’extérieur ? On sait cependant que certains ateliers d’artistes des tranchées étaient bien équipés, de plus un orfèvre aurait fort bien pu apporter ses propres outils. Le fragment découpé dans une plaquette d’or suggère en effet que l’artiste est un orfèvre, bijoutier ou graveur. L’artisan et/ou le commanditaire sont très au fait de la culture religieuse et l’inversion suggérée : face et fond du boîtier = avers et revers du tableau de 1830 indiquent une réflexion profonde avant la mise en œuvre de l’objet. Cependant quelques imperfections plaident en faveur d’une réalisation possible ‘sur le terrain’, par un artiste qui exécute à mesure, dans la foulée, sans tracé préalable complet. Chose que peut faire un habile praticien, pas un amateur. La gravure des trois petites scènes va en revanche dans le sens d’un travail abouti qui ne supporte pas d’improvisation.

Hypothèse : ce collier pourrait avoir été réalisé pour un aumônier militaire, sans aucune certitude cependant. En tout cas par quelqu’un qui était très au fait des apparitions de la ‘Rue du Bac’ et de la spiritualité religieuse en générale.

Autre questionnement : les trois motifs dessinés semblent être plutôt des gravures estampées à partir d’une ciselure initiale, tant les traits sont fins et quasiment impossibles à obtenir à la plume selon moi, sur ce type de papier. Rien ne prouve que le boîtier soit complet – l’ensemble des trois dessins et la plaquette d’or n’occupent que 1,3 mm sur les 2,56 mm disponibles- d’autres dessins ou plaquettes auraient pu également figurer. Les gravures originales étaient peut-être présentes dans ce boîtier, à moins qu’elles n’aient été utilisées ailleurs, ou même, qu’elles aient servi pour plusieurs tirages. En ce cas d’autres exemplaires de ce collier seraient peut-être conservés quelque part. Quant à la plaquette d’or dans laquelle est découpée la coulée de sang, pourquoi avoir choisi le morceau poinçonné de l’aigle certifiant l’or ? Serait-ce à nouveau un renvoi vers l’évangéliste Jean dont il est le symbole ? C’est plus que probable ! Le fond du dessin à la coulée de sang figure également une croix qui n’entame pas les contours de la coulée, ainsi que deux fragments de cercle, le tout très discrètement exécuté. Le possesseur de l’objet ou le réalisateur se serait-il prénommé Jean ?

Conclusion : nous sommes en présence d’un objet exceptionnel dans sa catégorie. Fabriqué à partir des métaux du champ de bataille, il fait référence à une solide culture religieuse associant diverses sources d’inspiration ; il est réalisé, au moins en partie par un professionnel.

Ci-dessous : ensemble des éléments qui composent ce collier pendentif, presque un reliquaire

Avis aux exégètes, aux croyants, aux artisans, aux collectionneurs de ‘Trench Art’ : vous avez sans doute bien des choses à me communiquer sur cet extraordinaire collier !

Merci d’avance pour votre participation éventuelle au décryptage de cet objet peu commun.