Le troisième « Festival des correspondances des arts » arrive à son terme. Air limpide, lavé de la veille. La vieille abbatiale vient de muer partiellement ; son épiderme comme ripoliné blanc grisera au fil des ans.


Sur un cadran solaire voisin les heures glissent, elles ne peuvent en rien retenir le temps. Dans le parc, amis et famille du sculpteur Michel Charpentier présentent la donation que ce dernier vient de confier à la Ville de Braine. Ses modelages de ciments m’évoquent des naïvetés fausses, me renvoient même vers les sculptures malhabiles de Dénézé-sous-Doué (Maine-et-Loire) qui, elles, vraiment naïves, semblent vouloir critiquer la dissolution des mœurs de la Cour de France au début du XVIe siècle.

Dans Saint-Yved des œuvres du même sont exposées, ainsi que des travaux des peintres, dessinateurs ou plasticiens sélectionnés cette année (Monique Rozanès, Hubert Dufour, Leopoldo Torres Agüero) : couleurs et chatoiements font miroir avec les vitraux de l’abbatiale.

Les créations de résine et d’altuglas de Monique Rozanès ont spécialement retenu mon attention par leurs strates, leurs superpositions, leurs inclusions qui tantôt densifient l’espace, tantôt l’allègent par leur structure mobilière ou vitrière quand les ors ou les émaux brillent ou matent les volumes.


Dans l’instant Robin Renucci, récitant, et Nicolas Stavy, pianiste, répètent. L’un ses notes, l’autre les siennes aussi.

Tout à l’heure, quand la nuit peu à peu nimbera le chœur et éteindra ses vitraux, la voix assurée de celui-ci et les merveilleux sons de celui-là, -ciselés, précis, nuancés, entraîneront l’auditoire étonné et conquis dans une nuit magique que l’on voudrait sans fin. Là est bien « l’héroïsme dans l’art » présenté lundi, en ouverture, par la conférencière docteure en sciences de l’art et critique d’art Marie-Laure Desjardins. Entre temps le Quatuor Akilone, déjà comme naturalisé Brainois et les pianistes Eric Artz et Franck Ciup ont fait sonner les voûtes antiques. On n’attend plus demain que l’ensemble Aedes dans un parcours choral animé pour clore ce Festival très apprécié.
Un seul regret pour ma part, forcément subjectif et d’historien : Braine devrait apparaître plus dans ce Festival par une présence historique, littéraire ou artistique nettement affirmée. Mais ne boudons pas notre plaisir, réjouissons-nous, car il est en soi déjà merveilleux que ce Festival puisse avoir lieu en ce modeste ancien chef-lieu de canton et de doyenné. Merci aux mécènes, à la Région des Hauts-de-France, au département de l’Aisne, à la Ville de Braine, ses services techniques et son association des Amis de Saint-Yved qui rendent possible cette réalisation accessible à toutes et tous.