Pourquoi lui ? Ils furent quelques rares à marquer pour toujours ma mémoire et donc à réveiller et vivifier des souvenirs, enfin à engendrer cette forme de reconnaissance.
Lui, Charles Petit, compte parmi ce panthéon des maîtres admirés. Il aimait les jeunes que lui confiait chaque rentrée l’Education Nationale, au lycée de garçons de Soissons « les Cordeliers » lorsque je l’ai rencontré la première fois en 1956-1957, sans jamais oublier depuis à un moment ou un autre cette admirable personnalité pourtant si discrète.
Interne j’aimais me rendre pendant toute ma scolarité secondaire qui fut longue, à son cours officiel de dessin, mais plus encore dans les multiples clubs ou ateliers qu’il animât : ébénisterie, poterie, vitrail, photographie, cinéma… Toute activité de l’Homme mettant en pratique la main et la pensée furent son terrain privilégié d’expérimentation et il excella dans divers arts, les Arts Décoratifs n’étant que la part visible de ses multiples talents. J’ai en mémoire des heures où le toucher soyeux du bois poli, où le filé de la terre sur le tour accompagnaient sa voix douce et patiente dans la transmission d’un savoir livresque et vécu, pratiqué, diffusé qui enchantait mes soirées potaches. Oubliées alors les matières enseignées, les rudes jeux adolescents, seule cette expression spécifique d’humanité mise en scène et en oeuvre emplissait toute mes préoccupations du jour.
clavecin entièrement réalisé de ses mains
Attention : il s’agit ici d’une aquarelle, technique détournée ici dans le rendu de cette nature morte
Lorsque tout récemment j’appris son décès et l’hommage que lui rendent par une bien modeste exposition la Ville de Soissons, des associations et sa famille, je me suis empressé de me rendre dans la chapelle Saint-Charles. Là sont prégnants les témoignages matériels de ces susdits multiples talents. Ses créations exposées -on en voudrait davantage, permettent de se rendre compte de l’extrême minutie accordée à chaque expression artistique et artisanale pour parvenir à une sorte de perfection dans le résultat obtenu. J’ai pensé à nouveau par exemple et entre autres, à un premier essai de fabrication d’un clavecin à la suite d’une année consacrée à la réalisation d’instruments de musique simplifiés dans la forme, aux céramiques que nous attendions avec impatience lors de l’ouverture du four. Il avait le feu sacré de la transmission, les élèves attendaient le maître, apprenaient peu à peu l’Homme. Sa simplicité, sa modestie et sa patience ont participé à ce que je suis devenu, jamais je n’oublierai.
Charles Petit, 14 novembre 1919, Choisy le Roi – 15 août 2017 Chivres-Val. Professeur de dessin au lycée de Soissons de 1956 à 1979.
Chapelle Saint-Charles : http://www.ville-soissons.fr/loisirs-culture-sport/un-musee-sur-deux-sites-dexception-histoire-collections-expositions-activites/les-expositions-temporaires-1796.htmlPhoto de classe 1959-1960 Charles Petit, 6ème à droite
quelques céramiques
Effectivement, les années 59, 60 du siècle passé… Le clavecin de M. Petit, auquel il travaillait discrètement à l’arrière de la salle de dessin du collège, sous les combles, en nous faisant dessiner des bustes en plâtre à l’antique… Sur le photo de classe, à sa gauche, il me semble, M. Attal, professeur de ‘Lettres’… Beaucoup à dire… Merci du souvenir (pas toujours le meilleur !)
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Chaque élève a une relation privilégiée avec l’un ou l’autre de ses professeurs. En ce qui me concerne il y eut notamment, outre Charles Petit, Pierre Couffinhal et Jean-Pierre Laurant. « parce que c’étaient eux et que c’était moi » sans doute. Tu relates les plâtres de la salle de dessin. Pas facile de les rendre vivants sur le papier. J’ai encore une gouache peinte en 1964, elle avait retenu l’attention de ce professeur.
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