Du premier au trois juin 2018 Braine fut la ville d’accueil de son premier « Festival des correspondances des arts ». Judicieux choix événementiel autour de ‘Debussy en son temps’ mis en scène, en sons et en images par Jean-Yves Clément et les décideurs politiques départementaux et communautaires.
Ces correspondances d’expressions artistiques plurielles s’expriment ces temps derniers en plusieurs lieux et événements en France. Braine y a toute sa place, riche d’un passé bien souvent mis en valeur par les arts. Celte, carolingien puis capétien le terroir brainois a connu ses heures de gloire aux XIIe et XIIIe siècles, ainsi qu’au XVIIIe siècle : un frère de roi, une abbatiale d’architecture quasiment expérimentale au tournant du gothique naissant, une comtesse cultivée, voilà en effet bien de quoi mettre en solution pétillante des gouttes de lumières, des sons vibrants frottés, pincés et frappés et des volumes préhensibles ou estimables pour titiller nos sens plusieurs heures d »affilée.
Alors peuvent éclabousser la nef de Saint-Yved les touches très colorées des vastes toiles de Jean-Marc Brunet, quand les deux séries de sept toiles de Bernard Bouin offrent aux visiteurs des formes et couleurs en opposition ou symétrie que soutient une réflexion profonde issue de textes poétiques, littéraires et philosophiques. Alors peuvent sonner sous les voûtes de riches sonorités des cordes frottées et pincées du subtil et précis Quatuor Akilone propulsées par quatre jeunes dames enthousiastes un moment rejointes par l’éclatant pianiste Vassilis Varvaresos pour un quintette puissant de César Franck. Ces cordes, curieusement, tendaient leurs peaux vers celles alignées sur les céramiques en forme imaginaire d’instruments spécialement créées par l’artiste céramiste Hubert Dufour. Il arrive que la raison résonne.
Des intermèdes aussi dont l’émouvant extrait du Livre des Morts lu par Bernard Noël qui renvoyait aux douleurs de la Grande Guerre ou bien, plus divertissants mais tout autant peuplés de sens, des poèmes proclamés avec fougue par Nicolas Vaude qui cherchait parfois du regard des diables sous les arcs gothiques et les clés porteuses d’anges. Il était alors aisé de laisser vagabonder ses sens. Un tel fera surgir depuis le clavier des images de tournois, tel autre s’amusera du retour en sa mémoire des vers de François Villon (la reine Blanche comme lis qui chantait à voix de sirène… cf. ici Brassens) depuis le violoncelle quand un troisième puisera dans l’évocation de la guerre de quoi ressusciter les seigneurs du lieu depuis leurs spectaculaires lames de bronze émaillées naguère placées là où nous posons nos pieds. Correspondances infinies qui auraient mérité davantage de motivation à venir de la part d’un public un peu trop clairsemé ces heures-là, il ne sait pas ce qu’il a perdu.
VIVEMENT L’AN PROCHAIN POUR LA SUITE !
sur l’abbatiale mon précédent article de ce blog :
Braine : En son couronnement, en son assomption Notre-Dame veille, et saint Yved..