Etretat et ses jardins contemporains

Les jardins d’Etretat ou « le jardin bizarre »

Par grand vent et soleil en taches Nicole et moi venons de découvrir ce jardin qualifié de « bizarre » par l’un de ses concepteurs. L’adjectif convient en effet. Ne serait-ce que depuis son entrée depuis le haut de la falaise où une flèche projetée vers la mer rend hommage aux aviateurs Nungesser et Coli qui pour la dernière fois le 8 mai 1927 ont survolé ici le sol français et une chapelle Notre-Dame de la Garde dédiée aux marins rend stable ce qui est instable. Une entrée troublante et déstabilisante qui au fond sied tout à fait aux premiers pas dans ce jardin néo-futuriste quelque peu bizarre.

Pourtant après avoir parcouru des allées entretenues, visualisé des formes arrondies placides oublieuses de la verticalité des espèces arbustives, un sentiment d’étrange sécurité prédomine : l’amateur de jardins n’est pas ici perdu, il est seulement incité à s’évader du présent comme jadis le furent ses prédécesseurs dans les jardins médiévaux, Renaissance, à la française ou à l’anglaise, sans compter ceux plus anciens connus par des textes ou ceux des ailleurs géographiques. Les œuvres d’art qui ponctuent la déambulation n’expriment pas autre souci que cette évasion au temps présent et même la renforce. Seule, in fine, la vue des falaises un moment oubliée, nous ramène au réel, à moins que notre esprit nous renvoie alors vers des toiles impressionnistes dans lesquelles lumières et couleurs sont en transe et nous éloignent à nouveau du plancher des vaches.

En 1903 ce jardin fut celui de l’actrice ‘Madame Thébault’ installé par le jardinier Auguste Lecanu de Fécamp et inspiré par Claude Monet qui peignit tant les falaises en-dessous. Il entoure la villa « la Roxelane » qui domine le point de vue d’Amont vers la falaise de l’Aiguille chère à Maurice Leblanc.

A partir de 2015 un nouveau jardin est créé en cet endroit par Alexandre Grivko et son équipe de collaboratrices et collaborateurs. Ce dernier se présente comme designer-paysagiste appartenant au mouvement créatif du néo-futurisme défini  par l’architecte-paysagiste Vito Di Bari lors de l’Exposition universelle de Milan en 2015. Di Bari énonce : « une pollinisation croisée de l’art, des technologies et des valeurs éthiques, unies pour une qualité de vie meilleure ».

Alexandre Grivko s’appuie sur les paysages environnants, conserve des arbres anciens et place environ 150 000 plants nouveaux sur 4000 m2. Dans son jardin topiaires et arbres souvent taillés constituent  le squelette ; la présentation d’œuvres d’art dans la déambulation guidée orne son épiderme pour un parcours tout en rêveries. N’oublions pas que tout jardin est un spectacle d’artifices divers soumis à l’éphémère des saisons et aux caprices de la croissance végétale. Alexandre Grivko est directeur artistique et architecte paysagiste en chef de la Société Internationale IL NATURE Garden Design & Landscaping Company dont le fondateur est Mark Dumas.

Ces lignes s’appuient pour leur contenu sur : Mark Dumas, Jardin Bizarre, Ed. ILN Garden Project, Etretat, s.d., 183 p. Voir aussi www.jardinsdetretat.fr et Wikipedia.

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