Permettez que je reprenne en introduction un extrait du montage de l’an passé sur ce blogue en date du 21 mars 2008, assemblage fantaisiste qui renvoyait également à un lien tout aussi farfelu. Révisons le problème de la date mobile de Pâques, fixée par le mouvement de la terre autour du soleil, exprimée en modalité lunaire.
Un dimanche bien sûr, toujours le dimanche depuis le concile de Nicée en 325 qui a établi la date de Pâques en fonction de la fête juive de la Pâque qui tombait au mois de Nisan, premier mois de l’année. Ce qui fait que depuis le IV e s. on a pris l’habitude de commémorer la résurrection du Christ en procédant ainsi : Pâques se place le premier dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps, donc entre les 22 mars et 25 avril. Vous pourrez vérifier sur votre calendrier s’il porte les phases de la lune, ou bien regarder par la fenêtre où en est la lune par une nuit étoilée. Dans la pratique les choses ont été un peu plus fluctuantes mais on peut en rester à ce point de vue simple. De plus cette date de Pâques a souvent été choisie comme départ de l’année (civile), en raison du texte biblique ; ainsi en était-il en France au Moyen-Age et jusque vers 1570. Je ne vous dis pas le casse-tête quand on fait la conversion avec la pratique d’aujourd’hui qui fait démarrer l’année le premier janvier…mais on y arrive avec un peu d’habitude. Ce n’est pas plus difficile que de faire la conversion avec le calendrier révolutionnaire qui n’a vécu qu’un lustre ou peu s’en faut. Venons-en aux œufs. Dessiner un œuf ! Pas si simple qu’il ne paraît. Essayons au crayon de rendre le volume par un jeu de fines hachures et de points, sans trop enfermer la forme pour mieux faire circuler la lumière. Ouvrons des portes et fenêtres à la lumière, capturons ses rayons.
mine de plomb, mine de rien, au fond, quand on y pense.
Obéissant à une longue tradition graphique voici une gravure sur pierre que j’ai exécutée en 1967. Taillée au burin dans un calcaire dur provenant des hauteurs lutétiennes de Vailly-sur-Aisne elle figure une tête de Christ d’inspiration byzantine ou slave, auréolée d’or à la feuille. Quasiment marmoréenne, soulignée par l’or impalpable battu, je la trouve cependant assez froide, comme figée dans la pierre.
Aujourd’hui je préfère plus de liberté dans l’expression. Bien que seulement ébauchée, voyez ci-dessous la structure d’un vitrail que je nomme ‘paysagé’, parce que ses lignes de construction visuelle prennent appui sur le dessin de la roche qui apparaît à l’arrière du verre, en fond de vision. Ayant lu dans le texte de l’évangile de Jean l’apparition du Christ ressuscité tel qu’il apparût à Marie-Magdeleine dans la vision étonnante tant de fois représentée dans l’art sous l’appellation du « noli me tangere », j’ai été tenté à mon tour de figurer cette scène que tout jardinier connaît. De plus le fait d’avoir permis alors à une femme d’être la première personne à témoigner ainsi de la résurrection vue par les chrétiens des origines, m’a semblé assez accordé à notre époque et digne d’être maladroitement exprimé par le verre à l’intérieur d’une mystérieuse alcôve circulaire taillée dans la roche entre le XIIe et le XIXe s., d’usage indéfini.
Relisons la scène chez saint Jean, 20, 11 à 18 : »Cependant Marie se tenait près du tombeau, et sanglotait. ….(aux deux anges) :… on a enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où on l’a mis. En disant cela, elle se retourne et voit Jésus qui se tenait là, mais sans savoir que c’était lui. » …
dessin du projet, et ci-dessous, état en cours de réalisation :
et enfin la même scène que j’ai choisie ici sous une représentation pittoresque anonyme du XVIIe s. qui figure dans l’église abbatiale de l’Abbaye aux Hommes, à Baume (Jura), dont le chapeau avait retenu mon attention :
On notera que la balsamine des bois, impatiens noli-tangere, est une balsamique (= dont on faisait un baume. On reste ici dans le même langage symbolique avec Marie de Magdala qui peut être Marie-Magdeleine), plante nommée ainsi parce que ses graines se libèrent au moindre contact du réceptacle. La multitude de tableaux qui illustrent cette scène bien connue du ‘ne me touchez-pas’ ont très souvent associé les symboles liés aux différentes expressions historiques de ce très singulier épisode biblique.
Joyeuses Pâques à toutes et tous ! Peignez et ramassez des oeufs, des lapins et lièvres, faites tinter les cloches… En ces temps difficiles il ne coûte rien de rêver. Priez si cela correspond à vos convictions, tous les psys vous diront que la méditation est salutaire, qu’elle éloigne le stress et favorise l’empathie, dans les sens de charité et amour du prochain réunis. Si la science seule peut contribuer efficacement à préserver l’espèce humaine, elle n’exclut nullement des approches impalpables et hors vérité scientifique qui peuvent aider à améliorer le sort de chacun.
Oeuf peint en cadeau visuel : assez complexe à réaliser, j’ai d’abord peint l’ensemble de la coquille d’un ton rougeâtre sur lequel j’ai ajouté des traces brunes très sombres et des parcelles de feuille d’or collée. La dernière touche est celle de la gravure du motif, à l’aide d’une pointe de cutter. On voudrait bien le voir éclore.
Je découvre vos talents…Tout ce qui est symbole correspond à ce que l’être peut connaître d’une façon infuse .Tout est inscrit dans l’Univers,et notre essence y est flamboyante .Tout est renaissance,redécouverte,ce qu’exlore aussi Robert Alexis dans son roman « Fowerbone »,une science -fiction qui ouvre sur la réalité encore mal connue des Dimensions de l’Univers et de l’âme en ses pérégrinations de quête.
Je n’ai rien écrit sur ce livre,je ne laisse qu’un avis dans des commentaires à ce qui me fut demandé sur ce roman et, j’ai répondu avec ma sincèrité au mieux.
Bien à vous.
Hécate
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Merci beaucoup, Hécate, pour vos lignes. Je ne connais pas « Fowerbone » mais vos lignes me donnent envie de le lire. Je me permets de signaler à mes lecteurs que vos remarques de lectrice, vos impressions et votre regard en général sont d’une acuïté et d’une précision tels qu’un parcours sur votre « Fil d’Archal » n’est jamais un égarement mais une promenade choisie et très enrichissante ; ils pourront en prendre connaissance ici : http://lefildarchal.over-blog.fr/
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superbe article !
je suis impressionnée par toutes vos qualités graphiques….
moi j’aime beaucoup votre tête de Christ, je ne la trouve pas froide du tout!
Continuez à nous surprendre avec tout ce savoir -faire !
sophie (des grigris)
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Peu habile avec l’informatique, je viens rectifier une étourderie concernant le titre du roman de Robert Alexis qui est » FLOWERBONE « ( chez Corti ).
Je vous en prie, ne changez rien, je suis très touchée d’avoir mon modeste blog inscrit à celui du « voirdit ». Merci à vous.
Je vous réponds plus longuement dès que possible.
Bien sincèrement
Hécate
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à Sophie,
Merci de votre soutien. La froideur que je ressens dans ce graphisme de l’icône vient semble-t-il du fait que la construction d’une icône résulte d’une procédure géométrique stricte, non libre. Quand il s’agit de peinture d’icônes, les couleurs viennent modérer ou orienter différemment la perception, ici en sculpture la sécheresse du plan est accentuée par la dureté des traits dans la pierre, à peine assagie par les variations de lumière sur la feuille d’or. Cela étant les têtes de Christ inscrites dans une croix ne sont pas destinées à montrer la paisible assurance d’une nativité par ex. ! En ce cas cette supposée froideur serait en-dessous de la réalité du fait. Amical souvenir, JP
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J’aime tes créations artistiques….et suis très touchée par cette verrière installée dans cette mystérieuse alcôve…et ton œuf me fait penser aux œufs grecs qui sont offerts à pâques!
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