L’enfant sait l’eau toute proche, comme bêtes il y court. Au-dessus du miroir d’eau mille reflets cueillent ses pensées vagabondes. D’une main il agite la surface et multiplie la donne, de l’autre il puise cette eau, la verse en un creux sableux et mélange de suite.
Trop songeur il n’a pas perçu l’approche discrète du photographe qui surprend l’acteur mais n’attrape pas le rêve.
Bientôt il expérimente. Le mélange sablo-calcaire issu de la décomposition des roches proches est tout désigné pour préparer ciments, sable de moulage et … Tout à ses rêveries il oublie le temps, la présence adulte et le monde tant extérieur à ses songes.
L’oiseau soudain, une buse, de belle taille, très près de la cime des arbres lance un miaulement aigu et plaintif. Aussitôt l’enfant lève la tête et le photographe déclenche. Le monde redevient d’un coup tout plat, le rêve s’évapore dans l’ordinaire d’un jour d’automne. Mais l’image témoigne, enregistre jeux et merveilles du temps d’enfance. « non pas aux prises avec un passé qui serait une préfiguration de l’avenir, mais restitué à l’ignorance de lui-même dans la lumière aveuglante du présent ». Louis-René des Forêts, Ostinato, 1997.
J’aime vous la faire connaître en ces temps indécis et incertains pour favoriser momentanément un retour vers une enfance heureuse dans la mesure où précisément elle ignore largement les soucis d’après-demain. La voici :
Et nous, adultes, ne serions-nous pas ravis de voir émerger du miroir de l’eau, des cercles concentriques déclenchés par une onde de choc, une sirène attirante se peignant d’un peigne d’or (Heine, die Lorelei : … . … « Die schöne Jungfrau sitzet
Dort oben wunderbar :
Ihr goldnes Geschmeide blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Harr »)
ou une baigneuse se mirant, voire… ? Non, plutôt voir de suite :
sous l’arche d’un étrange royaume….. rêvez !
je vois que de Heine à la guerre de 14, en passant par l’Aisne et Rimbaud, comment dire ? certaines lignes se croisent…
(:+))
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A Louisevs,
Ah, ces croisements de lignes ! Dans le paysage du Chemin des Dames ils se comprennent car sont visibles sur le terrain, l’histoire les entretient depuis la Gaule pour le moins. Il en va différemmment des chemins de la pensée et c’est pourtant dans ce sens que je marche sur les bordures, tout comme vous. Attraper l’intersection de la littérature avec la musique, baliser ceux de la peinture et de la photographie voilà bien des entreprises à consolider. Il semble que nos contemporains soient friands de cette signalétique nouvelle et pourtant seule la lente et longue méditation au long des sentiers de la connaissance autorise cette tentative de confondre les voies des différents arts. Une lente et longue démarche que les écrans ne peuvent assurer seuls.
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