Soissons et la vallée de l’Aisne au temps des Celtes et Gaulois

L’exposition présentée par le Musée de Soissons et l’Institut national de recherches archéologiques préventives, associés à leurs partenaires institutionnels, intitulée : « Celtes et Gaulois, deux chemins vers l’au-delà » présente et met en scène la vie dans la vallée de l’Aisne entre 475 et 50 avant J-C., à partir de découvertes effectuées depuis environ un siècle et issues des pratiques funéraires d’antan.

Elle a lieu de décembre 2011 au 15 avril 2012 à l’Arsenal (site de l’abbaye de Saint-Jean-des-Vignes, -profitez donc de la circonstance pour traverser et admirer le remarquable réfectoire à deux travées !) du lundi au vendredi de 9h-12h et 14h-17h et les samedi, dimanche et jours fériés de 14h à 18h. Voir aussi : http://www.musee-soissons.org De plus, c’est gratuit !

façade de Saint-Jean-des-Vignes de Soissons

Les pratiques de l’inhumation puis et ou de l’incinération ont laissé suffisamment d’objets de la vie courante entre les Ve et 1er siècle pour que l’on se fasse une idée de la vie des Celtes puis des Gaulois dans cette région de Picardie. Ces objets sont présentés par thèmes d’utilisation dans un parcours aisé à parcourir et comprendre. Ils sont accompagnés de frises chronologiques et de commentaires suffisants pour qu’un visiteur peu informé au départ sur le second âge du fer sorte de cette exposition avec une information concise, claire et imagée sur la période nommée « La Tène ».

Un intérêt autre de cette exposition est de mettre en scène un moment donné des pratiques de nos ancêtres par d’habiles et soignées reconstitutions. Si l’archéologue est souvent réticent devant cet exercice de rendu cela se comprend par le fait qu’il lui faut sortir alors un peu du champ usuel purement scientifique, espace mental ordinaire nécessaire à la pratique du métier pour se balader en songe dans un univers matériel recomposé et vous entraîner ainsi dans une sorte de concret à jamais insaisissable.

inhumation féminine reconstituée à Soissons

proposition de restitution de l'inhumation féminine de Bucy-le-Long par Sylvain Thouvenot et l'équipe scientifique : oser montrer par une mise en scène pour faire comprendre autrement.

Deux maquettes au 1/40e participent de la même orientation d’esprit : aider à imaginer un moment du passé que l’archéologie a permis d’identifier et de décrire. Nous présentons l’une des deux réalisées par M. Patrick Guéneau :

enclos funéraire circulaire avec fossé et palissade de pieux vers les Ve et IVe siècle avant notre ère

Pour notre part nous avons spécialement apprécié le souci documentaire de l’ensemble y compris dans l’évocation des fouilles anciennes, relayé par ces procédés de reconstitution. De plus, attiré par l’aspect ornemental des objets, nous avons perçu ici outre l’habileté technique des Celtes et Gaulois, leur originale création artistique dans la netteté des formes, une abondance de décors variés cependant ramenée à l’essentiel dans une sorte de simplification qui  rend l’émotion possible dès la perception première de l’objet. Un ‘design’ avant l’heure, comme un art ‘celtico-gaulois’ qui serait une épure géométrique ‘art déco’ issu d’un ‘art nouveau’ exubérant ainsi calmé.

Cet art, très vigoureux dans les monnaies (non présentes ici) est perceptible par exemple dans la forme des armes et de la protection ainsi que dans les décors de harnachement. Nous l’illustrons sur cette note de blog par la magnifique fibule en bronze d’Orainville à ‘la Croyère’ :

fibule de bronze d'Orainville

fibule de bronze où figurent directement ou indirectement lisibles des motifs à caractère anthropomorphe

Vous sortez donc passionné celtico-gallo-dingo. Mais vous regrettez bien sûr vos lacunes culturelles sur cette période de notre histoire soudain révélées. Qu’à cela ne tienne, les scientifiques ont prévu de vous accompagner dans l’au-delà d’avant-hier par un ouvrage d’aujourd’hui, copieux (216 pages et des centaines d’illustrations) composé d’une quinzaine de chapitres rédigés par des spécialistes et suivi du catalogue proprement dit, lui-même enrichi par 111 photographies ou planches d’objets. Il est intitulé « Celtes et Gaulois, deux chemins vers l’au-delà« , Musée de Soissons/Inrap, 2011.  Vendu sur place au prix de 25 euros vous pouvez également vous le procurer dans toute  librairie ou au Musée de Soissons.  ISBN : 2-913705-31-6

Dans l’incertitude probable de l’au-delà futur optez donc pour celui d’avant notre histoire écrite et visitez cette présentation archéologique tout à fait digne d’intérêt.

 

3 réflexions au sujet de « Soissons et la vallée de l’Aisne au temps des Celtes et Gaulois »

  1. Frédéric G.

    Bonjour,

    Journaliste, je suis avant tout un passionné d’histoire et je parcours toute la Picardie une bonne partie de l’année. J’y découvre de vrais joyaux, des sites magnifiques. L’abbaye Saint-Jean-des-Vignes en fait partie. Je ne savais pas qu’on y organisait des évènements de ce genre mais je n’hésiterai pas à y refaire un tour pour l’occasion.
    Si cela vous intéresse, j’ai rédigé un article sur ma visite de l’abbaye mais aussi de la cathédrale de Soissons qui devrait plaire à tous les amateurs d’architecture gothique et de ses petites bizarreries (l’unique tour de la cathédrale en est une belle !)

    Bonne visite !
    Frédéric.

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    1. voirdit Auteur de l’article

      A Frédéric :
      Il m’arrive de vous suivre dans vos pérégrinations touristiques destinées aux lecteurs d’Esprit de Picardie. Vos reportages présentent en de courtes minutes ce qui vous paraît essentiel au sujet d’un site ou d’un monument qu’ils abordent sur un ton propre à inciter le lecteur à s’y rendre. Une approche contemporaine et parfois insolite qui par certains aspects rejoint mes préoccupations dans ce blog. Bonne poursuite de vos reportages en Picardie !

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  2. Frédéric G.

    Bonjour Voirdit,

    Merci beaucoup pour votre réponse et tous ces compliments. J’espère continuer à écrire des articles qui suscitent votre intérêt et vous félicite à mon tour pour ce très beau blog que vous entretenez avec soin.

    Bien à vous et à bientôt,

    Frédéric.

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