Excellente initiative que cette commémoration du 17 mars 2016 devant la stèle « Apollinaire« , appréciée des amoureux de la langue française et de tous ceux qui ressentent une certaine empathie envers tous les hommes de souffrance qui eurent à fréquenter le Chemin des Dames en ses heures tragiques. Aujourd’hui encore des entonnoirs ou plus modestes trous d’obus parsèment ce « Bois des Buttes » situé entre Pontavert et La Ville-aux-Bois-les-Pontavert, trois petites buttes âprement disputées entre Français et Allemands tout spécialement en 1914 et 1916.
Quelques phrases utilement prononcées ont replacé et le poète et le lieu dans leur contexte historique et culturel. Des sons de cordes frottées se sont mêlés à ceux du très léger murmure des branches du sous-bois. Recueillement et remembrance. Puis dans le ciel azuréen se sont envolés des ballons porteurs des vers ou phrases du poète que des élèves du Collège de Corbeny avaient sélectionnés, après en avoir prononcé quelques autres devant le public.

Comme un clin d’oeil de l’artiste Laurent Tourrier ou celui d’Apollinaire vers nous, le temps ne compte plus…
Cent ans après jour pour jour, quasiment heure pour heure… des gestes et des mots simples pour tenter de dire, de rappeler l’indescriptible. Ce qu’avait déjà accompli Yves Gibeau ici en 1990, ce qu’il a aimé et tenté de faire partager urbi et orbi sur la surface du Chemin des Dames, spécialement dans les dernières années du XXe siècle. Je me remémore une discussion à bâtons rompus autour d’une table dans un restaurant rémois lors de l’une de ses interventions pour les lycéens de notre lycée, en compagnie de quelques collègues. Sur le marbre il a aussi sa place, quand il repose plus haut et plus au nord de ces trois buttes, dans le petit cimetière de l’ancien Craonne, autre butte ensanglantée.

la tombe d’Yves Gibeau toujours fleurie, parmi des tombes de l’ancien cimetière de Craonne, village totalement détruit et reconstruit à son pied après la Grande Guerre ; photographie du 16 avril 2015
Naguère, encore élève du lycée de Soissons, approchant pour la première fois l’écriture de Guillaume, vers 1964, j’avais ciselé dans le cuivre d’un plateau de balance Roberval l’un de ses poèmes de ‘Calligrammes’, Le jet d’eau :
La lettre du Chemin des Dames, n°36, mars 2016, plus spécialement l’article de Guy Marival, p. 6-10