Dévoiler : Pierre Teilhard de Chardin au Chemin des Dames

voile sur plaque commémorative

2 mai 2009 dans les creutes de Paissy. A l’issue d’une messe faisant mémoire de celles célébrées ici par Pierre Teilhard,

messe dans la grotte-Ecole-Chapelle

le Père Olivier Teilhard de Chardin, des paroissiens de N.-D. des Rives de l’Aisne et leurs invités

aumônier-brancardier au 4e RMZT au Chemin des Dames en avril-juin 1917, nous avons enlevé le voile. Celui des années qui se dépose en strates et altère plus ou moins le message qui, séparé de son contexte, se modifie peu à peu. Celui de coton, facile à ôter qui, d’un coup, montre deux documents d’époque :

la grotte ecole et chapelle, le Ravin de Troyon

La plaque émaillée destinée à faire connaître cet épisode de la guerre montre l’instituteur Delaby, à Paissy, qui fait classe quand tombent les obus et que les soldats sont engagés dans des combats de tranchées. Le « Ravin de Troyon » (commune de Vendresse) est immédiatement à l’ouest de celui du « Mourson, de Paissy ou de Moulins » dans les localisations de l’époque.

dévoilement de la plaque

P. O. Teilhard, MM. M. Ernst, B. Teilhard, J.-P. Boureux, F. Béroudiaux (cliché G. et M. Bayon de La Tour)

     Pendant ce temps et durant deux jours une exposition présentait des oeuvres d’inspiration teilhardienne dans la salle communale. Ainsi pouvait-on voir des peintures de Mme A.-M. Ernst-Caffort, des encres et sculptures de Mme M. Bayon de La Tour, un pastel et une encre de moi-même.

calicot devant la salle communale de Paissy

exposition

peintures de Mme Ernst-Caffort

Peintures de Mme Anne-Marie Ernst-Caffort

Teilhard géologue par Mme Bayon de La Tour

gros plan sur le bronze de Mme Marie Bayon de La Tour : le géologue

     Des discours furent prononcés qui évoquèrent l’oeuvre de Pierre Teilhard qui prend source ici à Paissy et sur le Chemin des Dames.

discours du maire de Paissy

MM. B. Teilhard, J.-P. Boureux, M. Ernst, F. Béroudiaux maire. (cliché G. et M. Bayon)

     L’après-midi j’ai présenté dans l’église une conférence destinée à faire ressortir la pensée de Pierre Teilhard au moment même où il combattait dans notre secteur. Ainsi était soulignée notamment sa part prise dans l’aide aux combattants, sa mission d’aumônier et l’élaboration de sa pensée théologico-philosophique qu’il ne cessera de développer par la suite. On y décelait curieusement, au travers de fragments d’essais et de correspondance, que Pierre Teilhard de Chardin fut paradoxalement un combattant souvent heureux ici, fait du reste souligné par M. Bernard Teilhard de Chardin, son neveu, qui a tenu à être présent avec sa famille et nous, ce jour de mémoire. Le texte de cette conférence sera prochainement accessible. S’il n’apporte pas de réelle nouveauté du moins montre-t-il l’implication de l’homme dans des territoires qui aujourd’hui encore porte les marques, les stigmates dirait-on ici, de l’Histoire. La plaque émaillée incrustée dans la pierre de la grotte-école-chapelle de Paissy porte la marque de tout cela et invite à se souvenir ou à chercher. Ce lieu est désormais patrimonial.

     De fait, quelques paysages tel que celui du ‘ravin de Mourson’ à partir duquel Pierre Teilhard de Chardin rédige une lettre à destination de sa cousine Marguerite Teillard-Chambon, on peut plus facilement admettre que de rares combattants à l’esprit inventif et aptes à transformer l’ordinaire pour le sublimer, aient pu être heureux ici :

Paissy, ravin de Mourson

27 décembre 2005. Au fond, à l’extrême gauche, le célèbre « Plateau de Madagascar » sur les confins nord de Bourg-et-Comin.

«… je t’écris du fond de ma sape boche où il fait bon et frais, à la différence des boyaux qui sont quelque peu surchauffés…cela a ‘bardé’ hier soir. Quand le calme fut rétabli, si tu savais quelle poésie intense se dégageait la nuit tombée, de ce plateau sauvage encore fumant ! Dans l’air chantaient encore, par intervalles, des obus retardataires, et de crête à crête, jusqu’à Laon, les fusées boches se transmettaient multicolores ».

Pierre Teilhard de Chardin, Genèse d’une pensée, Lettres (1914-1919), Grasset, 1961, 404 p. Présentées par Alice Teillard-Chambon et Max-Henri Begouen et précédées d’une Introduction de Claude Aragonnès.

Merci à tous ceux qui par leur présence, leurs dons, leurs actions diverses et variées selon les qualités de chacun, ont permis la réussite de cette journée ; mention spéciale étant attribuée à M. André Peltre, soutien permanent et animé défenseur de la mémoire teilhardienne et des combattants de la Grande Guerre.

 

2 réflexions au sujet de « Dévoiler : Pierre Teilhard de Chardin au Chemin des Dames »

  1. Vincent Lefèvre

    Bonjour. Eh bien! j’ai oublié votre cordiale invitation. Il est ainsi des périodes de ‘ratés’. Il est vrai aussi que présentement je délaisse quelque peu le ‘pays’. Et il est encore plus vrai que généralement — mon libertarisme, sans doute — je délaisse beaucoup (trop) les commémorations. Ce qui n’infère rien quant à un éventuel désintérêt pour tout ce que vous évoquez avec passion et que nous avons un peu discuté par ailleurs. Vous priant donc de m’excuser de tout cela.

    Face à la mémoire de ce ‘spectacle’ — si j’ose dire — de ces temps-là, que maints, à leur manière, n’ont que trop partagé, l’espoir, même timidement printanier, était peut-être une des conditions de la survie. Aussi pourquoi ne pas rapporter ceci, d’un autre, pas loin de là, qui nous éclaire aussi, à sa façon, sur son chant intérieur : Le chef d’orchestre et compositeur Manuel Rosenthal, à propos d’une pièce non publiée de Maurice Ravel, « Le Rossignol Indifférent” (“Le Tombeau de Couperin”), racontait qu’en mars 1917, sur le front, dans un paysage de désolation, bouleversé, cataclysmique, par toute vie déserté, sur l’ultime branche du dernier arbre subsistant, déchiqueté, calciné, seul chantait un rossignol, “oiseau de toutes les solitudes”.

    Bien à vous. Et très cordialement.

    V.L.

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  2. voirdit

    Excellente évocation cher Ami !
    Ravel en effet a tenu à honorer la mémoire de ses amis tombés à la guerre en composant en 1917 le ‘Tombeau de Couperin ».
    Il se trouve que j’apprécie fort le style de ce compositeur. De plus, selon un témoignage rapporté, Ravel serait venu à Paissy, suivant les dires d’un notaire à l’acheteur d’une maison dans les années soixante-dix. Tout historien digne de cette qualité exige l’écrit pour certifier. Si un lecteur pouvait m’aider en la circonstance ce serait fabuleux que je puisse ajouter Ravel à la liste des personnes illustres de passage à Paissy. Le fait pourrait fort bien être lié au séjour à Paissy de nombreux amis d’Alain, dans les années fastes d’avant les désastres de la guerre. Ma satisfaction serait grande et déboucherait sans doute vers une autre … commémoration ! Merci chaleureux à vous, JP.

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