« Rethel 6 floreal an 4
Vous me renderiez service mon cousin / si vous vouliez bien m’acheter a Charleville /
Un mord de bride dans la forme / du mord anglais. Le mien est un / peut rude pour mon cheval qui / à la bouche tendre. Vous me / livreriez par la premiere ocation /
Si messsieurs nos arbitres ne / veulent pas finir, il faudera brendre / un autre party.
Mille choses a la cousine salut amities
Gorges martinet
Ma femme plaide pour /
faire un petit garçon
adresse : Citoyen michaux
huissier du tribunal
a Charleville »
Une de ces surprises qui remplit de bonheur, des mots doux dans la lettre. Une lettre du 25 avril 1796 quand la Révolution abandonne certaine férocité venue des extrèmes et transite vers quelque chose de nouveau par l’étape incertaine du Directoire.
Pas de difficulté à comprendre ces mots (excepté le passage des ‘arbitres’ et du ‘party’ à suivre, incompréhensible par absence de contexte plus développé) laissés ici dans l’orthographe et la forme du document. On retiendra que ce citoyen Martinet prend soin de son cheval dont il veut éviter une blessure à la bouche, ainsi que de sa femme qu’il souhaite accompagner dans ses visées maternelles. Heureuses et tranquilles perspectives donc, à Rethel à la fin du XVIIIe s.
Georges Martinet vous semblez honnête homme !
Un huissier, en effet ne pouvait que se rendre à cette plaidoirie surtout venant de son épouse. Demande légitime bien que nous ne soyons pas encore en Restauration.
Belle et honnête calligraphie: pas l’ombre d’un doute.
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L’huissier est le destinataire mais je ne crois pas que la plaidoirie de sa cousine s’adresse en premier chef à lui dans sa finalité, avec l’accord et même le soutien de son mari qui plus est. C’est pour le coup que la légitimité de cette gouvernance familiale serait révolutionnaire ! Calligraphie a prendre au pied de la lettre en la matière. Merci de ta visite.
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