Reims, bleu, blanc, froid : son histoire autrement.

neige à Reims rue Cérès Il a donc neigé à Reims ce 8 décembre 2010, comme il arrive en hiver. Pourtant on dit en ville et dans les fauxbourgs que le Général Hiver tente un blocus de notre bonne ville désormais en état de siège au point qu’on ne pourrait plus ni y entrer ni en sortir. Bigre, ça fait froid dans le dos et plus grave, on se les caille. Bien au chaud après avoir accueilli un rescapé de la route très habitué de nos murs j’ai attendu le lendemain pour apprécier la situation.

Par chance un soleil radieux illuminait la neige et un champ libre blanc abandonné par les voitures aux humains piétonnants s’étalait devant mes pas entre Forum, Place Royale et cathédrale. Que du beau, que du rêve, je vous y entraîne, glissons ici et là !

Forum rémois

Place du Forum le clair matin allume sa lanterne solaire et laisse dégouliner des pétales neigeuses depuis des suspensions florales, alors qu’en contrebas des palmes étoilées ploient sous la poudreuse. Quel décor de Noël arrivé tant à point avec la menue indélicatesse d’une légère avance que la maîtresse de maison pardonnera !

Forum rémois : branchages enneigés

Alors j’ai voulu savoir ce que pense de ce temps d’hiver notre marchand en laines de la Place Royale, penseur accoutumé de mes déambulations citadines : l’esprit gelé et les bras chargés d’un blanc manteau il a la tête trop près du bonnet pour penser vraiment, à peine songe-t-il :

le marchand de la Place Royale de Reims

Nul doute qu’il songe à sa belle voisine au sein rond comme blanche boule et que le roi protège ou bénit de sa main, pauvre roi couvert de neige et qui hésite entre tenue de sortie romaine ou parure républicaine à la française mise à disposition à ses pieds ; ma pauvre dame quelle période vit-on ? !

monument en l'honneur de Louis XV

Louis XV en empereur romain à Reims

Si je n’avais presque froid je vous conterai et la Place et le roi et le sculpteur (1), mais là franchement je préfère suivre le pavé vers le soleil et d’un coup d’un seul surgit Jeanne qui caracole en tête, intrépide, l’épée levée. Mais quoi, se serait-elle rendormie, levée du mauvais pied ? Toujours est-il que son page ne lui a livré que la moitié de son caparaçon, bien séant du reste, de blanche couleur comme celle du cygne, du lis et de la vertu.

Jeanne d'Arc à Reims

Ah, Paul Dubois (1829-1905), vous n’aviez pas imaginé que cela fut possible, et bien si !

Remué par cette vision je m’en suis vite allé au-delà, trouver refuge vers l’Amérique et « Carnegie » était dans l’espérance du jour. En route cependant c’est d’abord une grille dantesque qui me barre le chemin ; qu’à cela ne tienne, outragé je passe outregrille du jardin de la bibliothèque municipale Carnegie de Reims

dans sa rigueur géométrique soulignée par les capelines neigeuses des ifs en topiaire, fermement assise en son jardin de ville, la façade majestueuse de notre bibliothèque municipale ‘Carnegie’ rayonne d’une fière assurance :

façade de la bibliothèque Carnegie à Reims

L’esprit trop lent pour lire je poursuis ma route citadine par le jardin qui mène au chevet de Notre-Dame et là encore, que du bonheur. Celui que suscite l’agencement presque naturel des troncs, celui qui organise l’ordre divin dans une architecture de pierre étonnante toujours renouvelée à mes yeux d’explorateur

jardin public au chevet de Notre-Dame de Reims

chapelle épiscopale de Reims

Une brodeuse au crochet a bordé les pinacles des arcs-boutants de jours lactés délicats et le vêtement neigeux entraîne l’architecture gothique vers des allures ordonnées de Grand Siècle,

pignon sud du transept de Notre-Dame de Reims

Rassuré de constater qu’une courageuse équipe de soignants en rappel veille sur elle

travaux d'entretien au chevet de ND de Reims

je quitte le chevet de la malade pour m’emplir le regard de sa face finement saupoudrée :

pas de doute Reims est un couronnement

couronnement de la Vierge à Reims

et bientôt la Cité, la Ville entière et le peuple vont célébrer le huitième centenaire de l’édification de cette cathédrale unique : mai 1211 – mai 2011

Souhaitez-vous être informé du contenu des journées commémoratives ?

http://amis-cathedrale-reims.fr/index.php/

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(1) « Il ne faut jamais dire aux gens : Ecoutez un bon mot, oyez une merveille.           Savez-vous si les écoutants en feront une estime à la vôtre pareille ? «                         Jean de La Fontaine, Les souris et le chat-huant

 

6 réflexions au sujet de « Reims, bleu, blanc, froid : son histoire autrement. »

  1. Cantabile

    Quel beau manteau la ville a revêtu ! Merci Jean-Pierre de nous montrer ces jolies photos… et merci pour le petit rappel sur mon e-mail, j’ai pu me régaler, ça faisait bien longtemps que je ne m’étais pas promenée sur ton blog.

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  2. voirdit

    La chance était côté soleil, le reste est dans le regard plus que dans la technique et un peu dans l’optique dans certains cas. La neige est toujours magique. Pas très difficile à photographier pour le spécialiste mais très délicate à rendre en peinture pourtant. Enlève la pie sur le célèbre Monet et le paysage devient tout plat. Moi non plus je n’ai guère le temps de vagabonder sur les blogs des autres bien que certains soient de pures merveilles, mais lorsqu’on est créateur le temps manque vite. Alors… Bonnes fêtes et bises, JP

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  3. wictoria

    Bonjour JP, j’ai vu ce merveilleux reportage hier dans mon lecteur de nouveautés et oui, je lis absolument tout ce qui se passe ici mais ne laisse pas toujours un mot qui ne saurait exprimer la félicité de la lecture. Je connais (un peu) Reims pour avoir habiter non loin de là il y a + de 20 ans, j’y venais parfois, mais jamais sous la neige…

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  4. voirdit

    Comme la neige, Wictoria, tu me fais fondre. Comment en effet ne pas être sensible à tes propos élogieux qui, accompagnés par d’autres de même ton, m’incitent vraiment à continuer l’aventure quand (parfois) le doute ralentit l’ardeur à composer. Ecrire est un temps, un autre qui précède est celui de la photographie et de son traitement pour adapter au mieux l’image à l’écran. Pourquoi du reste te l’écrire alors qu’autant que moi tu manipules aussi bien et l’image et la plume. Toutefois au final le labeur doit s’effacer devant la fluidité apparemment naturelle du défilement à l’écran. Ton enfance fut un peu champenoise (ou picarde) ? Un grand merci à toi et de joyeuses fêtes à tous ! JP

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  5. FOURNIER

    Bonjour,

    Je viens de voir ce superbe exposé photographique…

    Magnifique travail…Juste une remarque : on nous présente le gâble du portail central de la cathédrale en nous parlant de « couronnement »…

    Il serait TEMPS que cette appelation soit abandonnée, tout comme on a abandonné l’idée que le globe de métal sous les pieds de Marie était un « boulet de canon »…

    Vous trouverez ici des explications… http://knol.google.com/k/le-labyrinthe-du-minotaure-%C3%A0-dieu#

    et ici : http://mixalis.unblog.fr/files/2009/11/20091112fournierforum.pdf
    http://origines1.chez-alice.fr/viergereims.doc

    Bonnes fêtes de fin d’année dans la VERITE enfin retrouvée ( j’ai d’autres infos TRES spéciales sur la cathédrale de REIMS et ses origines… je les tiens à votre disposition )…Michel FOURNIER
    Agii Deka ( Gortyne)- 70012
    Héraklion – Crète
    Grèce
    email : michel_fo@tellas.gr

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  6. voirdit Auteur de l’article

    Bonjour Michel,
    Je lis votre commentaire et le raccourcis légèrement en laissant la possibilité à mes lecteurs de se faire une idée en visitant vos sites s’ils le souhaitent. Merci de m’avoir fait part de vos remarques et de vos souhaits auxquels je réponds en vous encourageant à toujours rechercher la vérité dans le respect des diverses vérités que les civilisations du monde proposent. S’il y avait évidence d’une seule et unique vérité ce serait fabuleux mais…
    Le boulet du gâble n’en est point un, c’est sûr ! Le couronnement, je le vois et le constate tel. Mais de quelle source les sculpteurs ou le commanditaire se sont-ils inspirés, c’est une affaire bien péremptoire que de conclure aujourd’hui. L’apocalypse de Jean, serait-elle dans une version apocryphe est-elle à rejeter ? Probablement pas, on en connaît assez de représentations contemporaines pour savoir qu’elle est recevable. Les versions couronnement + vision de Jean mélangées sont-elles pour autant incompatibles ? Je pense que plusieurs lectures des vitraux et des sculptures des cathédrales sont possibles, tout comme on peut déceler plusieurs niveaux de lecture dans un texte ou une peinture. Je suis même certain que des commentateurs font dire beaucoup plus de choses à un auteur et créateur que ce qu’il avait réellement en tête au moment de son acte créatif.
    Bonnes fêtes de fin d’année quelle que soit l’acceptation de votre vérité par des interlocuteurs qui ont aussi une représentation mentale de leur vérité et succès dans la défense et mise en valeur de votre site grec !

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