Quoi donc, ou avec qui ?
Mais la poésie ou certaine littérature sans doute, quelque musique et touches de peinture encore ! Et si j’ajoute des mets puis-je les incorporer au festin de l’esprit ? Ne vont-ils pas engendrer de ces lourdeurs qui ballonnent et le ventre et la tête ? Essayons, les recettes sont d’abord empiriques avant de rejoindre quelque illustre traité.
En ces jours je m’égaie en la compagnie fraîche et légère de James Gressier. Il est probable que vous ne le connaissez pas. Lui demander qui il est serait prudent, [http://www.james-gressier.fr ] à défaut de vous fier à cet avis.
Frais donc, léger aussi. Rémanent ? Son court recueil (30 feuillets disponibles chez : http://www.lesadex.com ) intitulé : « Mémoires d’automne » puise dans l’enfance du poète et dessinateur, en Valois, lors des années quarante. Là est sa propre rémanence. Y en aura-t-il une pour ses lecteurs ? Au futur de l’exprimer.
L’historien a ses rémanences du temps lu, étudié, intégré. Poétique, pourquoi pas. Flash venu de la fin du XIIe siècle d’une auteure dont on ne sait rien ou presque, sinon son nom et sa résidence outre-Manche : Marie de France. Après Hésiode et Esope, avant notre Jean de La Fontaine donc. Peu courageux au clavier ou au scanner j’ai choisi la plus courte des Fables du recueil publié par Françoise Morvan, Marie de France, Fables, chez Actes Sud / Babel, 2010
Avec ces nourritures de l’esprit fraîches, légères et rémanentes comme dit est, l’ami échanson m’a proposé judicieusement l’un de ces breuvages que l’on goûte parmi les collines autrefois du Saint-Empire qualifié encore de romain et même germanique, un « vin de glace », léger, frais, très rémanent.
Comme il est rare que des vers seuls nourrissent et sustentent assez le corps j’ai confectionné pour mes hôtes une recette élaborée par Bernard Loiseau qu’il serait hasardeux et injuste de ne pas associer aux trois adjectifs déjà trois fois énumérés (= abus dangereux). Je vous dis seulement qu’elle comprenait une purée d’oignons ragaillardie d’un coulis de crustacés, lui-même soutenu d’une once de girofle en infusion lente. Je suppose ainsi déclencher chez vous une inoffensive salivation, procédé traître à ne pas suivre souvent si je souhaite encore être lu.
D’autant qu’en accompagnement, notes de fond ou épicerie d’ouïe la pianiste, du bout des doigts, avec fraîcheur et légéreté, égrenait avec délicatesse les mesures de (ainsi titré) « trois morceaux en forme de poires », « pièces froides » et à la demande des hommes (d’armes ?) « vieux sequins et vieilles cuirasses », le tout d’Erik Satie comme on peut l’entendre interprété par Anne Queffélec et Catherine Collard, par exemple, chez EMI, 2002, un CD nommé ‘Serenity’.
Sur ce, amis d’écran, qui me lisez à heure propice , tombez, sombrez dans les bras de Morphée ou d’une autre personne très chère ou à défaut remontez le fil de ce blog qui commence à s’étendre, le résultat pourrait fort bien être de même effet.
P.S. En amuse-gueule j’avais écrit ‘touches de peinture’. Suggestion ici, pour ne pas alourdir ce menu qui se veut léger et frais je verrais bien -outre un tutti frutti, Edgar Degas avec quelque voile gazeux saupoudré de lumières, de ces tutus de tulle qu’il touchait si bien … au pastel. Alors, mais c’est vous qui déciderez, peut-être conviendrait-il, par surcroît, de ‘sabrer‘ l’un de ces carafons de vin lanceur d’étincelles (‘sparkling wine‘) empli de liqueur ‘pelure d’oignon‘ ou ‘oeil de perdrix‘ qui illustre désormais ma province, la Champagne, dont il a pris tardivement le nom ?
Musée municipal d’Epernay, ensemble de verrerie, XVIIIe siècle, montage et cliché JPB avec l’aimable autorisation de M. le Conservateur