Mésange à longue queue : Aegithalos caudatus europaeus

Après les semaines hivernales pendant lesquelles de petites bandes de mésanges à longue queue voletaient dans les bois-taillis arrivent désormais, accompagnateurs du printemps, des couples agiles et virevoltants d’Aegithalos caudatus europaeus. Leur queue plus longue que le corps, leur chant aisément reconnaissable une fois identifié, leur quête de mousse, lichen et toiles d’araignée et leur parade nuptiale embellissent certaines journée de mars.

Ainsi ai-je eu la satisfaction ce matin d’observer puis photographier cet élégant oiseau.

mésange à longue queue

Il voltige à l’extrêmité de fines branches, s’y pose et inspecte alentour. Bientôt appelle le congénère en un chuintement peu puissant, en une trille sifflante. Ce dernier répond à l’invite puis vient.

mésange à longue queue

J’observe l’attention de l’oiseau orientée vers son partenaire, elle se manifeste par un léger balancement du corps et un lent déplacement du corps autour ou au long du support, un peu comme ferait une perruche ou un petit perroquet. Une rapide toilette ajoute de la prestance à l’élu.

Aegithalos caudalus europaeus

Voici le couple rassemblé. L’un pique les jeunes bourgeons, l’autre attrape des fragments de toile d’araignée et les organise tant bien que mal en boule en les coinçant dans une fissure du bois.

couple de mésanges à longue queue

Envolée rapide dans un grand épicéa et descente vertigineuse dans l’enchevêtrement des branches et aiguilles suivi, m’a-t-il paru, d’un accouplement des plus fugaces, avant de voleter à nouveau de tiges en brindilles, devant la vitre d’une baie, au long d’un mur refuge de tant de toiles d’araignée si prisées. Soudain, sautillant et lançant sa trille puissante le troglodyte mignon (Troglodytes troglodytes) participe lui aussi aux ébats, joint sa note aigüe au babillage assourdi, se réchauffe dans le levant.

troglodyte mignon

Ainsi viennent, devant ma fenêtre, un printemps et ses hôtes qui, dans l’éclat des trilles, la douceur pastel des couleurs et la frénésie reproductrice clament à tous vents la rupture des temps astronomiques que ce long hiver avait trop longtemps masquée.

Dans un ouvrage presque ancien rédigé par Otto Fehringer(1922), dans une autre musique de langue que la nôtre puisque allemande, ces mésanges sont rattachées à la famille des Paridés -celui de la plupart des autres mésanges visibles ici, alors que désormais elles sont les seules classées dans la famille des Aegithalidés. Cet hiver de nombreuses bandes de la variété A. caudatus caudatus, qui est nordique, ont envahi notre pays ; sa caractéristique principale est la tête blanche. Sur la planche aquarellée par Walter Heubach ci-dessous illustrant cet ouvrage les deux espèces sont représentées.

 

Otto Fehringer, Singvögel

mésange à longue queue par Walter Heubach

Vous n’aurez aucune difficulté à compléter votre information si besoin en cherchant sur le web, mais n’oubliez pas d’abord de guetter l’oiseau, de l’écouter et de bien l’observer dans la nature. Maintes fois répétées dans ces notes de blog ces remarques sont à mon sens capitales : rien ne remplacera jamais l’observation directe de la nature. Les écrans de toute nature qui envahissent nos vies sont un moyen rapide et pratique de s’informer, ils ne mettent cependant pas en branle l’ensemble de nos sens, ne permettent pas un stockage efficace de l’information. Un leurre, un miroir à alouettes alors ? Pas exactement non plus. Plutôt un pis-aller pour l’homme pressé du XXIe siècle qui ne prend pas assez le temps de vivre véritablement, de se passionner assez et donc, dit autrement, de s’aimer lui-même et d’aimer alentour en partageant les biens communs engrangés. Pensez à cela une fois ou l’autre même si vous n’êtes pas alors en présence de cette gracieuse boule de plumes à balancier, car ce qui vaut pour l’oiseau est vrai pour toute autre forme de vie ou d’espace. Quant au temps il perd de sa prégnance dans l’attention vive et concentrée, il s’annihile par oubli tant vous êtes immergés dans l’instant qui …dure, sans avant et sans après perceptibles : un éternel paradis sur terre en quelque sorte.

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