Néchin fait parler de lui ces jours derniers, jaser même, chant d’un jaseur quasiment boréal forcément une fois passés la Loire, la Seine et même l’Escaut. Chansons de gestes et de films qui font leur cinéma. Assez dit là-dessus et entendu, le citoyen dont il est question devait s’attendre à autant de bruit autour de sa personne en prenant la décision de migrer là.
Oh bien peu étrangère cette terre, contre la limite d’anciennes et toujours présentes circonscriptions politiques et administratives. Par curiosité naturelle d’historien archéologue j’ai voulu voir sans me déplacer de quoi il est question dans toutes ces colonnes de presse, tous ces écrans. Ma surprise fut grande de découvrir que Néchin Estaimpuis, province actuelle du Hainaut, royaume de Belgique eut son seigneur constructeur. Parfaitement, et je n’avais donc plus à chercher d’autres illustres propriétaires. Assez riche pour laisser des traces au sol pendant huit siècles environ, ce qui ne sera peut-être pas le cas des nouveaux et également riches propriétaires de la contrée. Sa construction se voit comme le nez au milieu de la figure de son propriétaire. Voyez vous-même !
Vous constatez qu’il s’agit d’une muraille en forme de polygone à onze côtés d’environ 12 à 14 m. avec porte-châtelet à deux tours et comprenant encore des vestiges de tours très saillantes. L’ensemble est situé à 1100 m. au nord-nord-est de l’église du village et semble indiquer la présence d’un espace seigneurial comprenant ces murs et un donjon excentré quadrangulaire d’environ 9 x 7 m de côté. Le maître des lieux, vassal du roi de France fut riche et au courant de l’art de bâtir puisque ce type de vestiges s’inscrit dans la typologie bien connu par les historiens médiévistes du château de type ‘Philippe-Auguste’. Toutefois il semble qu’ici le donjon soit plus ancien que la muraille l’enserrant, peut-être serait-il des XI ou XII e siècle et non du XIII e siècle comme les autres vestiges, à vérifier par fouilles. Le lieu est nommé « château de la Royère » en référence avec la notion de limite et séparation. Ces vestiges ne manquent pas d’intérêt car l’ensemble bien que détruit n’a pas ou peu évolué après sa destruction, ce qui est assez rare.
Son propriétaire actuel est connu et la presse belge en a parlé l’an passé surtout en mettant en avant sa passion de l’histoire et son souhait de réédifier en tout ou partie ce château dont sa famille est propriétaire depuis de nombreuses années en tant qu’agriculteurs. Il se dit vouloir agir seul en vulgarisant au mieux l’esprit et la culture médiévale mais évidemment ne serait pas opposé à un mécénat qui lui permettrait d’avancer plus vite sa reconstruction. A bon entendeur ! Il sait où frapper mais sera-t-il entendu ? Un éventuel donateur devra se faire discret en tout cas s’il ne veut pas paraître nouveau seigneur des lieux. Nul n’est prophète en son pays, c’est bien connu. Comment pouvaient bien faire ces grands du monde naguère pour bâtir ainsi ? Mais ils levaient l’impôt, eux, pardi, au lieu de le fuire !
Joli tour de la question.
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à dom-a,
je n’aurais pas osé, puisqu’elle n’est plus : jolie tour en question. Merci pour votre formulation synthétique.
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Certains préfèrent lever le camp, dès qu’il s’agit de lever l’impôt… Les pierres restent
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à Louisevs,
Les pierres restent : seules les guerres à partir du XX e siècle sont parvenues à détruire de fond en comble. Pour les archéologues subsistent en général les fondations, ils complèteront éventuellement leur information ‘terrain’ par une recherche dans les registres d’assiette de l’impôt et , rejoignant les généalogistes dans ceux de l’Etat civil. On se retrouve entre amis dans les services et celui qui avait fui n’a pu cacher sa trace à ses descendants trop curieux.
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