Reims et Jeanne d’Arc : épisode 2 = histoire locale

           Elle part, s’enfuit presque pour obéir à ses voix, n’a qu’environ 17 ans, parvient peu à peu à constituer une petite troupe de chevaliers armés qui grossit en chemin. Nous sommes à la fin de l’hiver 1429. Sa chevauchée est bien connue, des plaques commémoratives nous rappellent les lieux de son séjour ou passage. Elle rencontre son ‘gentil Dauphin’ le 6 mars à Chinon, puis Orléans est libéré le 8 mai !

            Le vendredi 15 juillet des négociations ont cours dans la forteresse de Sept-Saulx,   appartenance de l’archevêque de Reims, au sujet de la soumission de Reims. Et le 17 juillet Charles VII est sacré dans la cathédrale de Reims, la cérémonie est longue : 5 à 7 heures. Les parents de Jeanne sont venus pour l’occasion et ont logé à « L’Âne rayé » près du Palais épiscopal, Jeanne on ne sait où. Le roi et son entourage demeurent à Reims jusqu’au 21 où le cortège se rend à Corbeny dans le Laonnois proche où les rois ont coutume de toucher les malades atteints des écrouelles (scrofules) et ainsi de les guérir peut-être, preuve du pouvoir divin du roi que l’on dit alors « thaumaturge », c’est-à-dire qui a pouvoir de guérir, tel un saint. Puis le 22 juillet le cortège royal et militaire gagne Vailly-sur-Aisne, ville forte nouvellement échangée par le roi (1379) contre Mouzon, à l’archevêque de Reims. Là, on dort sur place et l’on reçoit la soumission de Laon, avant de gagner Soissons le lendemain. Voilà pour notre région, voilà pour l’essentiel de la mission de Jeanne, qui, – elle ne le sait pas, -a moins d’un an à vivre. Parmi les lettres qu’elle a pu envoyer aux Rémois nous avons connaissance de trois, dont l’une (écrite à Sully-sur-Loire le 16 mars 1430), après divers lieux de séjour, fut promise à la Ville de Reims et fut apportée à Jean Taittinger le 17 février 1970, elle est conservée aux Archives communales de la cité :

Du 15 au 18 juillet 1907 (après la béatification) des journées festives avec bénédiction de la statue « Jeanne au sacre » d’ivoire et d’or de la cathédrale due au sculpteur Prosper d’Epinay se déroulent à Reims. Il en sera de même après la canonisation (1920) dont la fête liturgique se célèbre le jour anniversaire de sa mort, le 30 mai ; ensuite à partir de 1921 sont organisées annuellement des cérémonies de diverse nature. On retiendra le retour de la statue du sculpteur Paul Dubois, sous les auspices de l’Académie Nationale de Reims (1921) et le don (souscription) par des Britanniques de la réplique de l’étendard de Jeanne à la cathédrale. Ce sont là les souvenirs tangibles et la mémoire de Jeanne à Reims.

statue par Prosper d’Epinay, cliché J.-P. Boureux

Dans la victoire elle demeura modeste et respectueuse de ses ennemis chaque fois que ce fut possible ; dans la défaite et les doutes elle fit preuve de la plus grande détermination et audace et ce jusque son exécution par le bûcher. Quelques-unes de ses répliques à ses juges, ironiques, percutantes et surprenantes, sont devenues célèbres à juste titre. Nous ne donnons ici qu’un extrait de la description qu’elle fait de son enfance, le jeudi 22 février 1431, deuxième séance publique du procès :

« Quand j’eus l’âge de treize ans, j’eus une voix de Dieu pour m’aider à me gouverner. Et la première fois j’eus grand peur. Et vint cette voix environ l’heure de midi, au temps de l’été, dans le jardin de mon père, en un jour de jeûne. Je n’avais pas jeûné la veille. J’ouïs la voix du côté droit vers l’église, et rarement je l’ouïs sans clarté. … »

statue par Paul Dubois sous la neige du 7 février 2018, cliché J.-P. Boureux

Documents utilisés = Abbé Jean Goy, brochure de la Direction des Relations publiques de la Ville de Reims, 1984, 28 p.    [dont illustration de la lettre avec la signature de Jeanne]     Jacques Trémolet de Villers; Jeanne d’Arc. Le procès de Rouen, Tempus, mai 2017, 361 p.

 

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