Entre pré et bois l’idée m’est venue. La chaleur d’été ? Non, la vue d’un couple enlacé. Pas n’importe lequel certes mais une paire de limaces accouplée en une curieuse ronde immobile, un graphisme d’agence de com. On connaît leurs moeurs, un jour mâle, un jour femelle, en tout cas pas les deux à la fois. Ce jour des mâles échangeaient leurs spermatophores qu’ils stockent jusqu’à ce que devenus femelles ils puissent ainsi féconder leurs oeufs à pondre dans un minuscule terrier bien au frais. Notre espèce commune a ces habitudes que vous avez tous vues ou entr’aperçues sans être certains d’y voir bien clair dans l’expression de ces corps flasques et humides agglutinés.
Si la limace luisante vous fait lever le coeur je vous propose une figure plus cordiale. Pas tout à fait d’accouplement car je n’ai pas d’image de bonne qualité mais de ponte en couple. La scène vous l’avez vue, justement en croyant peut-être faussement deviner un accouplement. En effet le mâle des ‘demoiselles, agrions et autres petites nymphes à corps de feu’ tient par ses pinces abdominales la femelle qu’il déplace ainsi de feuilles en feuilles sur la surface de l’étang et cette dernière dépose ses oeufs généralement sous la feuille qui touche l’eau ou le long de la tige sous l’eau. Romantique non ? Et superbement graphique :
Pyrrhosoma nymphula ou ‘petite nymphe à corps de feu’ que vous pouvez également retrouver sur un autre de mes sites ici = http://jpbrx.club.fr/juin.htm
Et plus loin, plein soleil et forte chaleur voici, je vous l’offre en solde, le dernier costume ‘in’ que la carotte sauvage exhibe avec superbe, noeud pap compris. Oh, punaises ! (pour de vrai) disent les intéressés qui ajoutent rouges de honte et rayés d’inutile crainte : vus, mais pas pris ! (car les oiseaux se méfient de cet éclat coloré qui annonce mauvaise saveur en bec)
Graphosoma italicum ou scutellère rayée
Les papillons aussi, en position d’accouplement, engendrent souvent une forme inattendue, bien avant leur progéniture. Tous ces graphismes d’instants, nouveaux à l’oeil font que la nature est une perpétuelle invention, au sens où il nous appartient de découvrir et de décrire ces phénomènes. Les plus grands observateurs et écrivains l’ont fait. J’ai déjà cité ici Fabre et ce jour je retiens Maurice Genevoix, précurseur d’un certain écologisme non radical.
« ….deux bombyx de l’ailante accouplés, opposés, ne se touchant que par la pointe de l’abdomen, mais chacun étalant ses ailes en un demi-cercle parfait, les bords inférieurs de ces ailes rapprochant leurs franges frémissantes et faisant surgir à mes yeux une créature inconnue, double et une, admirable, un cercle fauve, vivant, d’une perfection inoubliable. » Maurice Genevoix, Bestiaire sans oubli, Plon, 1971, p.156
Je vais en rester là du thème sexe et graphisme dans la nature, objet d’énumération presque infinie. Toutefois me direz-vous, et l’homme ? Bien. Je vous laisse choisir le graphe le plus adapté à vos fantasmes, à vos besoins. Vais-je de ce pas vers l’érotisme ? Sans doute. Modérément et par idée graphique de rapprochement évocateur, le propre de l’érotisme en somme. Car dans le sous-bois une odeur pestilentielle chagrine mon nez, ne serai-je pas en présence d’une charogne sans la découvrir encore ? Que nenni mais d’un impudent, d’un fatigué, et ça arrive, de la panne manifeste. Quoi, allez-vous dire, vous osez dévoiler ici sur ce blog d’ordinaire propret et bien tenu la luxure et j’en passe ? Phallus impudicus cachez ce signe que je ne saurais voir, même en cet état….
Quitte à poursuivre sur ce chemin autant vous dire que je préfère m’adresser aux peintres et autres artistes pour clore cette notule sexy. Picasso m’est venu en tête, après la limace. Le voici dans un « couple« , brossé à l’huile en 1969 sur une toile de 162 x 130 cm que je subtilise à « Picasso laureatus » de Klaus Gallwitz, ed. La bibliothèque des arts, Paris et Lausanne, 1971, N°312 p.197.
ou encore cette encre suméi sur papier peinte par Robert Guinan en 1963, ‘effigies of Adonis and Aphrodite’ publiée par le Cercle d’Art par Agnès de Maistre en 1991 dans Guinan
Enfin, parmi quantité d’artistes présents sur la toile j’ai flashé pour Marie-Lydie Joffre, ses peintures et encres qui par suggestion laissent place aux rêves :
M.-L. Joffre, encre sur pierre
site de M.-L. Joffre (cf.blogroll) et http://www.marielydiejoffre.com/
Comme quoi, la nature fait parfois une oeuvre graphique (même souvent oserais-je) que même les meilleurs graphistes n’oseraient (décidément) pas seulement imaginé !
Il me faudra du temps pour lire votre blog, mais il m’a l’air vraiment intéressant et proche de mes idées et pensées.
A bientôt 🙂
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Toujours très riche d’un enseignement scientifique , dont il me manque des pans entiers (!)
Pour la petite histoire, la mienne, je déplace très souvent les escargots du chemin pour qu’ils ne se fassent pas méchamment écrasés par quelque marcheur volubile et distrait, j’adore ces petites bestioles !
Bonne semaine Jean -Pierre.
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Le printemps est le temps des rencontres et des amours: la lumière retrouvée, la chaleur aussi , les parfums enivrants sans doute et chacun y va de sa petite chanson, hormonale et phéronomes mêlés. Il n’y a que chez Homo sapiens et ses amours perdues qu’il n’y a plus de temps marqué dans le cycles des saisons pour elles.
Très belle note.
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à Sophie,
Pourquoi ne pas aborder plus souvent et plus énergiquement ce thème du graphisme et de la nature comme vous le suggérez ? Sans doute y aurait-il là matière à enrichissement pour explorer autrement. Cela dit dans le domaine des arts graphiques la nature est une inspiratrice essentielle et la mise en valeur actuelle du sexe va sans doute apporter son concours à de nouvelles expressions artistiques que l’on devine déjà entre les lignes de force.
à Mathilde,
Bravo pour le sauvetage. Ces charmantes bêtes ne vous feront jamais : « oh, les cormes ! » mais diront : « Haut les cornes ! » à votre passage. Je regrette certains jours humides à devoir écraser sous mes pas une espèce forestière par dizaines tant ils sont nombreux sur le sentier. Bonne journée, JP
à Pierre,
Il est certain que l’espèce humaine s’est largement affranchie du cycle des saisons, du moins dans les civilisations dites avancées. Je crois me souvenir que des statistiques de maternités montrent encore dans le détail de légères variations saisonnières avec pics. Merci de ta fidélité, du compliment et à bientôt. Amical souvenir, JP
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Voilà belle découverte que ce blog . Je continue à le parcourir
Bonne soirée
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Bonne promenade Bruno et peut-être à bientôt, merci de votre commentaire.
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Merci pour ce « post » printanier, intéressant et très sexy…
Tu vas faire exploser tes statistiques de visites avec un titre pareil 😉
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Merci. Mais pour l’explosion je crois que cela va attendre car il y a trop de sexe partout et j’arriverai sur la énième page…ma boîte est pleine de pilulles en tous genres. Alors le petit réseau d’amis c’est très bien comme cela. Amitiés, JP
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Entomologiste, conteur, photographe, galiériste virtuel , peintre ou aquarelliste vous même, peut être ? >>>que de cordes à votre arc ! sourire.
Parler d’accouplements saisonniers avec grâce et légèreté n’est pas à la portée du premier venu >>>sincères félicitations ! Vous êtes non seulement lisible mais passionnant aussi.
Je vais voir ce que donnent vos » ébats » à Paissy ;o)
Bien cordialement
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Que de cordes ! Pourvu qu’elles ne cassent pas et qu’elles puissent vibrer à l’unisson des fervents de nature. Merci de vos mots qui laissent entendre que des qualités tendent ces cordes et que l’arc est donc fin prêt. L’archer au logis aurait-il gagné en efficacité dans l’archéologie qui fut aussi l’une de ses passions ? Bon, je sais à quoi m’en tenir et vais essayer de ne pas vous décevoir dans les notes à venir.
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