Lumières d’automne.

     Dans le théâtre de roches, décor évolutif et grandiose pour pensées vagabondes, les rayons d’un soleil rasant burinent et sculptent les calcaires d’anciennes mers, agitent des guirlandes de lierre, mâts d’un havre repéré.

roches et lierres

enfilade de guirlandes de lierre

voûte et lierres

     Dans la quiétude du couchant, silencieux comme il se doit, froufroutant à peine comme l’aile de la hulotte, un ange passe, se réfugie dans le corridor du souterrain : je le cherche puis l’oublie.  

entrée ou sortie de souterrain refuge

     Vais-je appuyer sur la bonne case pour libérer mon djinn ? Serai-je le pigeon du boulin comme qui dirait le dindon de la farce ?

anciens boulins de pigeons

mangeoires dans la roche

     Où tout cela peut-il conduire ? A quelques mètres, perché sur le sumac de Virginie, le grand oiseau de feu va sans nul doute me renseigner :

feuilles d'automne du sumac

-demande aux enfants ! s’exclame-t-il tout feu tout flamme.

     Je sais bien qu’ils ont levé le camp d’été, que l’accumulation des feuilles brouille la piste près de la cabane vite bâtie en août :

cabane d'été en automne

 

et que les jouets sont remisés dans l’ancien four à pain, attendant la venue des joies enfantines clamées dans la roche qui leur fait écho :

remise à jouets dans la creute

     Tout cela est de la faute de celles qui subitement se colorent en rouge, s’empourprent sans raison autre que de passer le temps

de pourpre vêtues

alors je préfère m’éloigner, voir le jour décliner,

coucher de soleil d'octobre

 tirer un peu la couette duveteuse des clématites en lianes

clématites en lianes indigènes

et une dernière fois contempler les faisceaux orangés des spots du couchant qui embrasent les frênes de la creute aux blaireaux près de l’antre des renardeaux :

rayons de feu sur écorce de frêne

chut ! tout s’endort enfin dans la paix d’un soir d’automne.

« Pendant que, déployant ses voiles,

l’ombre,ou se mêle une rumeur,

s’emble élargir jusqu’aux étoiles

le geste auguste du semeur ».

Victor Hugo, Les chansons des rues et des bois, Paris, Hachette, 1879, p.272

 

 

8 réflexions au sujet de « Lumières d’automne. »

  1. jeandler

    Les roches (certes, pas toutes) appellent la mer. Les calcaires naissent dans les eaux qu’elles soient marines ou lacustres. Ce « décor » dans lequel tu nous promènes si merveilleusement (si, si, il y a du conte de fée ici), m’évoque les tuffeaux tourangeaux et les habitats troglodytiques qui vont avec. Je me trompe sans doute. L’image et le texte sont en intime harmonie. Merci de ce plaisir que tu nous donnes.

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  2. voirdit

    Du conte au fond des grottes et pourquoi pas puisque des mythes naissent de ces leiux étranges. Non Pierre tu ne trompes pas en comparant nos reliefs tertiaires d’ici avec ceux du val de Loir ou de la Loire. Les différences de nature de pierre s’expliquent par des variations climatiques enregistrées par l’océan et également par la hauteur de la masse océane qui n’est pas la même ici ou là lors des transgressions marines qui ont affecté le substrat duquel l’érosion a dégagé ce qui est visible de nos jours. Bien amical souvenir d’un géologue en herbe ou d’un botaniste sur pente rocheuse.

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  3. Kaïkan

    Quelle merveilleuse invitation à dépasser la réalité, mieux encore à goûter à sa réelle valeur la réalité et là je souris car la semaine dernière, je me promenais avec un ami dans les rues de Tournai et nous nous sommes surpris à dénicher, au coeur des pierres, les traces de l’ ancienne mer … Mes pas désormais sont autres en cette ville et partout d’ailleurs, … Marcher sur la mer du temps, fouler, en 2008, dans nos cités mécanisées, la mémoire du monde … de quoi décoller et respirer à pleins poumons la beauté universelle ;-))

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  4. voirdit

    Merveilleuse façon de rêver si près des rivages des mers antédiluviennes tout en arpentant notre quotidien auquel il est souvent nécessaire d’apporter un complément qui l’enjolive. Merci de votre témoignage et bonnes balades à vous sur les traces universelles des temps géologiques, JP

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  5. voirdit

    Corinne,
    Merci pour les jardiniers. Avec ma femme nous essayons d’harmoniser roches et végétaux, nous efforçant de travailler en volumes et en strates. Le travail finit par payer. La toile un peu désertée ? Je suis aussi dans ce cas et reconnais que c’est dommage car des merveilles y éclosent sans cesse. Amitiés d’une Toussaints.

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