En été on oublie vite que le vert est partout alentour, parfois tout au plus tempéré par le bleu du ciel. A l’ombre, près de la mare qu’une algue verte mystérieuse a envahie, quelques fruits de gouet ensanglantent les scolopendres aux feuilles nouvelles vert anglais.
Sur l’eau s’affrontent les insectes piqueurs : un bourdon malencontreusement tombé est victime des gerris, ceux qui marchent sur l’eau grâce aux poils huilés de leurs pattes. Belle est leur gesticulation dans l’éclairage rasant.
Sur la pellicule d’algues inconnues d’étranges traces témoignent de marches nocturnes volontaires ou non.
J’attends le déchiffreur de cette écriture, propositions attendues de vous chers lecteurs et lectrices. Tout près de l’eau, impassible une splendide aeshne (A. juncea ?) dépose ses oeufs dans la mousse portée par une pierre de rive. Merveilleux spectacle, splendide adaptation du vivant. Hélicoptère blindé et museau monstrueux, inutile lecture d’aventures de science fiction.
Sous-bois quitté, en pleine lumière, juchée sur une touffe de chardons-Marie, s’expose la sauterelle verte, la bien nommée.
Même le garenne, d’une rare abondance cette année, contemple toute cette verdure, à en manger, à en rêver. Il sait sans doute que ce n’est pas cette espèce qui est consommable, tout comme l’a exprimé Apollinaire dans « Alcools » :
« Voici la fine sauterelle,
La nourriture de saint Jean,
Puissent mes vers être comme elle,
Le régal des meilleurs gens. »
Apollinaire, Alcools, NRF, 1920.
Il ne craint ni la halebarde qui protège des feuilles au lait âcre, ni la cétoine qui vient d’aterrir sur les pétales d’une rose de la haie du jardin pour en croquer quelques étamines. Craintif et malin il est tout à son aise car il sait que le renard qui d’ordinaire le guette a été éliminé par les chasseurs.
Saoûlé de vert, même métallisé et même bleu, à en avoir la nausée, je vous laisse au souvenir des belles vertes et des belles bleues des nuits du 15 août à venir, après celles du 14 juillet advenues et perdues dans les cieux d’été.
Quelle agreste chronique et les images défilent, précèdent, accompagnent et disent autant que tes mots!
Les images de gerris sont fort belles, surpris qu’ils sont, dans leur ballet étrange sur une scène de satin…
Ces « algues » me semblent plutôt lentilles d’eau où quelque oiseau d’eau aura laissé ses traces. Quant à l’ombre longiforme, une couleuvre d’eau qui passait par là?
J’admire aussi (et qui ne le fera point?) l’image de la libellule, d’approche si difficile!
Bien amicalement.
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Pierre,
Tu as sans doute raison avec le reptile et je penche pour les orvets nombreux dans ce secteur. Quant aux pattes ce pourraient être celles d’une grenouille rousse ou d’un crapaud. Les algues sont formées d’une très fine pellicule de filaments à peine perceptible, différents des algues vertes accrochées aux pierres, peut-être l’origine de ces algues ? Certains jours la pellicule disparaît comme par enchantement, elle n’est présente que depuis deux semaines.
Merci de tes remarques et bonne inspiration ! JP
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Ne serait-ce que pour le vrai plaisir de ces photos…
Bon été… depuis maints terroirs (français, cet été).
Je reviendrai prochainement à propos de J.B.
Très cordialement.
Vincent
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Pour mon blog, je vous ai emprunté une photo de papillon.
Puissiez-vous ne pas en être fâché !
Vous me direz.
Félicitations pour votre travail.
Amitiés.
http://beauvoir.centerblog.net/
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Pas fâché du tout ; et puis vous me le signalez si aimablement… Le jeu des blogs fait circuler l’information et les images et si chacun respecte la création de l’autre tout est bien ainsI. Bonne suite à vos pages et amical souvenir, JP
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