En 1531 les Etats-Généraux réunis à Bruxelles offrent à l’empereur Charles-Quint une tapisserie tissée d’après les cartons de Bernard van Orley. La tenture composée de sept tapisseries est destinée à commémorer la victoire de Pavie contre François Ier le 24 février 1525.
Naguère les écoliers français connaissaient la teneur de la lettre que le roi de France, fait prisonnier lors de la bataille, écrivit à sa mère Louise de Savoie :
« Madame pour vous faire savoir comment se porte le reste de mon infortune, de toutes choses ne m’est demeuré que l’honneur et la vie qui est sauve ».
Observant la reproduction partielle de l’une de ces tapisseries je constate qu’un cheval a les yeux bleus et qu’une grande liane de houblon serpente sur l’un des troncs d’arbre entre lesquels se cachent ou passent les soldats. Sans doute ce houblon est-il figuré volontairement. Serait-ce en raison de l’amertume dans laquelle était plongée l’armée française par référence à la même amertume que procure cette plante à la bière ? Peu probable. Serait-ce parce que ses tiges piquantes et agrippantes enserrent leur support, le rendant de la sorte prisonnier ? Peut-être, mais sans doute s’agit-il plutôt d’un écho à l’usage pharmaceutique du houblon qui est antispasmodique.
Voici le fragment de la tapisserie tel que je le reproduis à partir d’un article de Céline Lefranc, intitulé « La revanche de François Ier » et publié dans la revue ‘Connaissance des Arts’, n° 565, octobre 1999, p.60-63 :
Le houblon, Humulus lupulus, liane de la famille des cannabinacées, commune le long des bordures humides de bosquets et bois clairs, présente des pieds mâles et des pieds femelles aux fleurs différentes. Les fleurs mâles sont disposées en inflorescence rameuse tandis que les femelles forment des cônes ou strobiles globuleux ; ce sont elles qui sont ajoutées à la bière et qui lui donnent son goût propre.
cône du houblon = fleurs femelles
fleurs mâles du houblon
Soudain, à la lecture de mon quotidien préféré me vient un doute. Le 2 septembre dernier ‘Le Monde’ publie un écart publicitaire de ‘Fred et Farid Advertising’ vantant les mérites 5 étoiles, à l’image du ‘Negresco’, du houblon « Strisselspalt » employé lors du brassage de la bière ‘Kronenbourg 1664’. Alors je ne sais plus trop si s’agissant des pieds de houblon qui envahissent le revers de ma haie et le ravin du Mourson, je dois retenir 1525 ou 1664. Autrefois un petit voisin ayant trouvé une capsule de ‘1664’ pensait avoir en mains une antique ferraille. Moi je nage dans la mousse, heureux de découvrir cette variété « Strisselspalt ». Et je trinque à la bonne vôtre, avec mon voisin.
Déjà un peu d’alcool a exité mes cellules nerveuses. Derrière les arbustes de la haie défilent des dizaines de lansquenets et autres mercenaires de toutes nations, ils se faufilent en criant des harros, des montjoie, cherchant le panache blanc, le cheval à l’oeil bleu. Leurs bannières portent 1664 et 1525 et même 2009. O tempore, O mores !
Ouh là là là !
Aurais-tu abusé de la Leffe qui a coulé à flot ce week-end ? (et pas mauvaise du tout d’ailleurs !)
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Les yeux bleus du cheval : peut-être, tout simplement, un virage des pigments à la lumière comme on le constate pour les tapisseries de cette époque.
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Le reste du monde paraît lointain, presque irréel.
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