Actuellement une riche exposition présentée par le nouveau musée ‘M’ de Louvain (Leuven) nous fait entrer en moyen-âge finissant, essentiellement à partir des oeuvres de Rogier Van der Weiden (Rogier de la Pasture en français du temps), né à Tournai en 1400. Il travaille le plus souvent à Bruxelles et la qualité exceptionnelle de son travail est remarquée par les princes de son temps et il va par exemple oeuvrer pour les illustres ducs de Bourgogne. Des élèves, des tapissiers, des sculpteurs s’inspirent de ses peintures et dessins dans leurs multiples et variées productions.
Comme ses monuments anciens Louvain est hérissé :
et depuis la terrasse du ‘M’ l’Histoire s’arrête au temps présent :
Dans les années 80 je m’étais intéressé de près aux peintres qualifiés de « Primitifs », cherchant à retrouver leur technique à partir de rares textes d’époque ou peu postérieurs (dont Ceninno Ceninni), et à ‘faire comme eux’, sans chercher toutefois à ‘faire pareillement’. Ainsi ai-je alors copié un portrait de femme conservé à la ‘Washington national gallery of art’ et reproduit dans un ouvrage édité par Skira. Vous verrez le résultat de ce travail en fin de note.
Une fois le déferlement des vélos de la jeunesse étudiante interrompu au seuil de la nouvelle et lumineuse architecture du M le visiteur est subitement immergé dans les années 1450 et intégré à la délicatesse sentimentale et l’infinie précision des traits du maître, reconnu comme l’un des plus grands artistes de son temps. Une part de sa technique magistrale s’exprime sur des supports de bois spécialement préparés.
Sur une planche de bois blanc est collée (marouflée) une fine toile sur laquelle de trois à cinq couches de plâtre amorphe sont superposées. Cet enduit ainsi nommé résulte d’une pâte issue d’un bain de plâtre et d’eau de pluie renouvelée chaque jour pendant un mois, puis séchée et moulue. La poudre ainsi obtenue est mélangée à de la colle de peau de lapin et posée sur la toile, puis finement poncée. Le support à peindre ressemble alors un peu à de l’albâtre et présente une relative souplesse. Les couches de peinture déposées dessus ont quasiment la finesse d’une couche de peinture à l’eau et se superposent en glacis -les pigments sont délayés avec de la « térébenthine de Venise », elle-même obtenue à partir de la résine du mélèze. Plusieurs mois plus tard un vernis fabriqué avec des plantes succulentes africaines recouvre le tout et donne aux oeuvres un aspect émaillé tout à fait singulier. Par ce procédé de préparation des fonds les peintures ont une excellente capacité à bien vieillir car la couche picturale repose sur un support ayant une certaine souplesse qui va lui permettre de bien affronter les variations du bois dans le temps.
La reproduction ci-dessous est réalisée selon cette technique, seuls les pigments sont des couleurs à l’huile contemporaines cependant mêlées à la térébenthine de Venise. Evidemment cette technique nécessite un très long temps de préparation du support et parfois un temps de positionnement des glacis assez long ou très court, certains exigeant le séchage de la couche inférieure, d’autres nécessitant au contraire de travailler dans le frais comme on procède en fresque. L’expérimentation de la technique nécessite de nombreux essais avant d’acquérir quelque habileté après bien des déboires.
Huile sur panneau de bois (36 x 26 x 2 cm) et toile marouflée. Réalisation : JP Boureux
un très bel article et de belles illustrations 🙂
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à Wictoria,
Commentaire forcément agréable à lire…d’autant qu’il vient d’une rédactrice qui manipule au mieux les mots, qui agence des phrases parfois envoûtantes et les enjolive encore d’images fort bien sélectionnées. Merci encore de votre visite. JP. Si l’une ou l’un de mes lecteurs veut se faire une idée plus personnelle, c’est ici : http://chroniquedestempsperdus.blogspot.com/
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