« Meles meles L. 1758« ainsi est-il officiellement enregitré. Je ne lui demande pas ses papiers chaque fois que je croise ses pas. Il est en veille et il me faudrait l’être, de préférence de nuit. Cela étant je vois bien ses traces dans le sable ou la neige, ses photos et séquences automatiquement enregistrées, elles me renseignent bien sur ses moeurs.
trace de patte de blaireau sur le sable
blaireau sortant de son terrier installé à l’intérieur d’une creute
Notre blaireau est un mustélidé partiellement carnivore : il mange tout ce qui l’intéresse en fonction des disponibilités environnementales, aussi n’est-il guère apprécié par certains qui craignent quelques dégâts de sa part aux cultures, quelque effondrement imprévisible de terrier. Ses mâchoires présentent la particularité d’être liées et l’inférieure ne peut se désarticuler de la supérieure comme on peut voir sur la photographie d’un crâne ci-dessous :
Ainsi ne peut-il ‘rire à s’en décrocher les mâchoires.’ Autre particularité, voyez la forte crête sagittale à la partie postérieure de la boîte crânienne ; sur elle se greffent de puissants muscles temporaux qui lui donnent une grande force de broyage et d’arrachage.
Notre petit-fils Yannick, dix ans, le voit ainsi, nous aussi, je veux dire cette étrange signalétique en barres noires (ou blanches) qui le rend immédiatement identifiable.
aquarelle par Yannick Boureux
Elle lui vaut du reste son nom anglais: badger, le bien nommé dans cette langue. Dans la nôtre aussi mais il faut chercher un peu pour comprendre.
En effet le nom français ‘blaireau’ provient, cas relativement rare, du gaulois ‘blaros’ terme qui suggère l’idée de blancheur comme le vieux français ‘bler’ = tache blanche sur la robe d’un animal. De même les termes ‘blarel’ ou ‘blariau’ ont été employés au moyen-âge. Ses autres désignations communes : ‘tesson, taisson’ et dérivés locaux sont issues du celte ‘tasgos, tascos, taxos’ tout comme ‘taxonaria’ qui nomme sa tanière dont le mot dérive du reste. Chez nos voisins c’est le terme celte et latin qui a aussi servi de base : ‘tejon, texigo, tasso, Dachs’. Existe encore en langue celtique insulaire : ‘broccos’. Ce mot associé au latin broccus pour broche, pointe -et il en va de même avec taxos, peuvent faire référence à la forme pointue et conique de l’animal. Plus curieux est le fait que tant taxos que broccos font également référence, à l’époque, à un personnage que l’on tient en dénigrement. Décidément il y a de la persistance dans nos pensées ordinaires ! Pour en savir plus sur la question vous pourriez lire par exemple, le ‘dictionnaire de la langue gauloise, Une approche linguistique du vieux-celtique continental’ par Xavier Delamarre, ed. Errance, 2003, 440 p.
semble paisible. Un mâle peut atteindre 20 kg, sa longueur est comprise entre 70 et 90 cm et sa hauteur est d’une trentaine de cm. On s’en rend compte si l’on s’arrête pour observer, hélas, les nombreux cadavres au long des routes. Il est pourtant souvent facile d’éviter de le percuter, ce qu’il est prudent de faire car sa masse peut infliger quelques dommages à votre véhicule dans les zones où il est répandu.
Soucieux de marquer son territoire et de le spécialiser notre blaireau use de latrines. Soit il creuse des sortes de pots dans lesquels il dépose ses excréments, soit il utilise un diverticule de son terrier à cet usage (vérifié localement dans une galerie de creute très sableuse réservée à cet usage)
très expressive et artistique représentation de blaireaux par le peintre naturaliste Robert Hainard. Cette gravure sur bois est reproduite sur le site officiel qui lui est dédié ; adresse web ci-dessous :
http://www.hainard.ch/images/oeuvres/RHONE_41.JPG
Sur notre terrain avec creutes il abonde au point de se promener dans notre jardin en toute tranquilité nocturne. Depuis 2008 il a pris l’habitude en hiver de couper des frondes de scolopendre pour améliorer sa couche, auparavant il ne procédait pas ainsi. Manque d’autres végétaux utilisables à cette fin ?
frondes découpées et emportées dans un terrier dont l’entrée est situéau fond de cette creute
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce mammifère assez peu connu, peut-être y reviendrai-je dans une autre note ultérieurement. Bonnes rencontres avec lui si c’est le cas !
superbe article, photos magnifiques plus une vidéo et les aquarelles de votre petit-fils (très doué) !
merci à vous !
sophie (des grigris)
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Quand quelqu’un prend plaisir à regarder mes photos et textes et me le fait savoir je ne peux qu’en être ému et satisfait car au fond c’est une sorte de reconnaissance du travail accompli. Merci Sophie de considérer ainsi mes pages. Il y a dans ces photos de blaireau évidemment tout une préparation en amont à cause du sujet lui-même et en fonction du message que l’on veut faire passer dans la mise en scène. Ce qui a le plus retenu mon attention en préparant cette note c’est la continuité de pensée entre les Celtes et nous au sujet de l’image mentale véhiculée par cet animal nocturne et discret le plus souvent. Si à l’avenir j’en venais à parler de quelqu’un en le qualifiant de ‘blaireau’ vous devinerez que dans ma bouche ces mots vont bien au-delà de l’expression usuelle quelque peu péjorative ! Amitiés, JP
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bravo jean pierre pour votre blog!et bravo à yannick,peintre animalier en herbe!
merci pour les infos sur les blaireaux/photos et vidéo très parlantes;pour l’étymologie,je suggérais(de façon fantaisiste) que ,le blaireau étant une bête
puante,et le blair signifiant le nez en argot,il aurait pu y avoir correspondance…
mais non!
merci aussi pour votre accueil chaleureux,la visite guidée de votre jardin et de la « mare-fontaine » coiffée de scolopendres,les faux de paissy…et le champagne
dégusté dans les blidas;
Il nous a été très agréable de jouer dans la petite église de paissy,plaisir qui,semble-t-il,a été partagé par l’auditoire doté d’une belle écoute… amitiés ;
à bientôt j’espère…
antoine jankowski/pianiste de camerata champagne
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Merci Antoine pour votre appréciation ainsi que pour avoir apporté ce dimanche une touche de belle humeur sur les touches du piano utilisées à deux ou quatre mains dans notre église presque neuve (80 ans quand même environ) et blanche comme aux premiers jours. J’espère que nous aurons encore l’occasion d’écouter l’orchestre ‘Camerata Champagne’ en ces lieux. Amical souvenir, JPierre
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Très intéressant. On doit attendre pas mal … quel boulot, en tous cas ça valait le coup.Merci et Bravo à Yannick qui est très doué !
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à Anne,
Merci pour votre remarque, je transmets à Yannick. Mais vous aussi vous avez la patience de placer chaque jour ou presque une photographie intéressante sur votre blog, pour votre plaisir et celui des lecteurs. Amical souvenir.
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