De passage à Vitré, l’oeil attentif aux lumières et aux formes, j’ai retenu dessinés dans le bois, dans la pierre quelques appels signifiants. L’un d’eux portait gravé dans la pierre comme il aurait pu l’être cursivement noté sur un parchemin une lettre, trois lettres puis quatre chiffres. Assez pour rappeler la fuite du temps aux passants du futur, en l’esprit du propriétaire qui n’imaginait pas sans doute qu’en 2010 encore quelqu’un lirait son message… Puis-je moi-même savoir si en 2507 cette pierre sera en place ? Non mais j’espère seulement qu’il en sera ainsi et qu’en 2013, tout près de nous donc, certains fêteront le demi millénaire. Assez écrit, de quoi s’agit-il ?
Au premier regard vous pensez être devant une toile abstraite. Il n’en est rien, que du concret mais abrégé. Il faut lire en effet, selon l’habitude des temps médiévaux : A(nno) D(omi)ni 1513 et ces signes sont gravés sur une pierre bien apparente d’un hôtel particulier que voici dans son entier :
Un autre encore, à peine éloigné, jetait dans le ciel d’août une bien curieuse tourelle et des brillances d’ardoises fantastiques et même fantasmagoriques car elles m’ont fait penser aussitôt à l’un ou l’autre de ces lavis rouillés que Victor Hugo a tant aimé laisser à l’imagination de ses lecteurs.
Un dernier appel encore, en bout de rue, en fin de parcours, laissait entendre qu’après le repas je pourrais reprendre ma quête de signes et de sens dans cette ville riche en inattendues demeures alors que dans ma mémoire ne restait apparemment inscrites que les lignes structurantes de son château, assez connu pour que je ne livre ici que deux photos ‘souvenir’.
Comme nous le fait judicieusement remarqué Jeandler, ami du web (http://jeandler.blog.lemonde.fr) ces toitures de Vitré sont probablement sorties de quelque rêve. Et bien oui et c’est à Victor Hugo que j’ai pensé en les photographiant car qui mieux que lui sait illustrer des rêves par les mots ou par le dessin, le lavis ; ces encres diluées se meuvent dans les volutes cérébrales de ses lecteurs et l’emmènent en songe. Ainsi, retrouvant sa Juliette en des circonstances agitées que nous relate fort précisément et avec talent M. Jean-Pierre Montier dans « Deux voyages amoureux en Bretagne, Victor Hugo » ; Ed. Ouest-France, 2009 ; notre écrivain a profité de son séjour breton pour crayonner et j’ai extrait du livre de M. Montier une ‘plume et encre brune du Vieux saint-Malo’ où les toits surgissent :
Il m’a semblé que les maisons et toitures de Saint-Malo ancien et disparu vues par Victor Hugo ont un air de parenté certain avec celles du Vitré d’aujourd’hui, restaurées et bien vivantes. Rien que pour cela quittez donc l’autoroute et parcourez les vieilles rues de Vitré. Graphitez, lavissez vous aussi !
Les toitures sont extraordinaires sinon fantastiques.
Sorties de quelq rêves?
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Magnifiques toitures!
Un beau patrimoine.
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