Senlis est une petite cité que l’on parcourt à pieds bien tranquillement, notre vue s’y promène nonchalamment en ses rues pavées et quand nous levons les yeux sur ses vieilles pierres, le passé se dresse d’un coup en une lisible érection du temps, les plus anciens à hauteur des plus récents.
Bizarrerie. Place forte auguste, cité des Sylvanectes, Senlis enfin et toujours. En toute logique Senlis, royale capitale capétienne, érige ses tours et clochers médiévaux à l’intérieur d’un périmètre fortifié dont on suit la trace au sol sans grande difficulté, quitte à cheminer avec en mains un guide touristique illustré dont le plan renvoie, comme ailleurs, de vestiges en vestiges. Rien là d’extraordinaire et nombre de nos vieilles villes d’Europe étalent ainsi des formes ordonnées inscrites dans l’histoire.
Ce qui rend Senlis originale c’est que la verticalité de ses vestiges les plus anciens se joint et se superpose visuellement à celle des plus récents. Pour comprendre le fonctionnement de l’affaire et donc appréhender au mieux la succession des temps rien ne remplace la descente en sous-sol.
Une rénovation réussie du Musée d’art et d’archéologie livre aux visiteurs des aperçus sur les vestiges de murailles du IIIe siècle et d’une habitation gallo-romaine, ainsi qu’une splendide sélection d’ex-votos en provenance du temple de la forêt de Halatte, toute proche. Tous ces maux soulagés, semble-t-il, leurs naïves localisations exprimées dans la pierre, ont quelque chose de bouleversant, qu’une percutante mise en scène renforce.
Ce blog vous a habitués à des clichés beaucoup plus soignés que ceux sortis ce jour de mon téléphone mobile et je ne vais pas poursuivre en vous offrant trop de médiocrité technique, qui serait quasiment injurieuse quant à la qualité de ce musée. Sachez que vous avez ici, entre Antiquité, Moyen-âge et Temps modernes, de quoi vous régaler. Les vitrines sont attrayantes et documentées sans lourdeur, les objets et peintures de même. Une salle est consacrée à l’artiste Thomas Couture (Senlis, 1815 – Villiers-Le-Bel, 1879) peintre talentueux, vigoureux dessinateur, le plus souvent hors d’influence de la mode du temps. En outre une exposition temporaire met en lumières les peintures naïves aux couleurs chatoyantes de la célèbre Séraphine Louis, dite « Séraphine de Senlis« , et quelques-unes de son ‘sponsor’ ou mécène Wilhelm Uhde. De quoi réchauffer, s’il en est besoin, vos journées estivales jusqu’au début du prochain hiver.
http://www.musees-senlis.fr/Dossiers-thematiques/seraphine-louis-dite-seraphine-de-senlis.html
Revenons, quittant ce lieu magique après avoir flâné vers l’ancien palais royal et le musée de la Vénerie, vers l’érection des temps et observons à titre de preuve l’une des tours de l’enceinte gallo-romaine contre laquelle ou près de laquelle la cathédrale s’appuie :
En dépit des réserves formulées plus haut quant à la piètre définition du cliché (je remercie Mathieu de me l’avoir confié), constatez qu’il est bien rare en France du nord d’avoir en face de soi autant d’élévation antique jouxtant une tour gothique. Alors profitez de l’aubaine et découvrez ou revisitez Senlis, vous ne regretterez pas votre voyage.